Hong Kong : une station de radio iconique contrainte à la fermeture
Alors que l'emblématique station Citizens' Radio est contrainte à la fermeture après presque deux décennies de harcèlement, Reporters sans frontières (RSF) appelle le gouvernement hongkongais à mettre fin à ses politiques répressives à l’encontre des médias indépendants.
Le fondateur de la radio indépendante hongkongaise Citizens' Radio, Tsang Kin-shing, a récemment annoncé que le média cesserait ses activités le vendredi 30 juin, sa banque refusant depuis près d’un an d’enregistrer les donations sur le compte bancaire de la station, vraisemblablement en raison de pressions du gouvernement. Citizens' Radio, créée en 2005, était réputée pour ses débats politiques, ses analyses et ses interviews, certains programmes étant animés par des figures du mouvement pro-démocratie.
“Pendant près de deux décennies, Citizens’ Radio a été un acteur emblématique du paysage audiovisuel indépendant de Hong Kong, et sa fermeture est une perte irremplaçable. Nous appelons le gouvernement à mettre fin à sa politique de harcèlement des médias indépendants, qui a déjà considérablement terni dans le monde l’image du territoire depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale.
Depuis sa création, le média a été contraint de fonctionner comme une “radio pirate” en raison du rejet systématique de ses demandes de licence, et a été la cible d’un harcèlement permanent de la part des autorités et du camp pro-Pékin.
En 2009, la station a été accusée de “diffusion illégale” et en mai 2016 son bureau a été perquisitionné pour le même motif. En 2019, les studios de la radio ont été investis par quatre hommes masqués et armés de battes et de marteaux, qui ont détruit une partie des équipements sous les yeux du personnel.
Ces trois dernières années, dans le cadre de la croisade contre le droit à l'information menée par le dirigeant chinois Xi Jinping, le gouvernement de Hong Kong a fermé de force deux grands médias indépendants, Apple Daily et Stand News, et cinq autres médias n'ont eu d'autre choix que de se saborder sous la pression. Le gouvernement a aussi poursuivi au pénal au moins 28 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, dont 13 sont toujours détenus.
Le territoire de Hong Kong est classé 140e au Classement mondial de la liberté de la presse 2023 publié par RSF, alors qu’il occupait la 18e place deux décennies plus tôt. La Chine, pour sa part, se situe au 179e rang sur 180 pays et territoires évalués.