Guerre en Irak, la plus grande hécatombe pour la presse, mars 2003 – août 2010



Ce matin, Riyad As-Saraï, journaliste pour la chaîne Al-Iraqiya, a été assassiné par des inconnus alors qu’il sortait de son domicile de Bagdad. Ce journaliste de 35 ans était visé. Cela porte à quinze le nombre de journalistes de cette chaîne tués depuis la chute de Saddam Hussein. Reporters sans frontières demande l’ouverture d’une enquête afin que les auteurs et les commanditaires de cet assassinat soient arrêtés et traduits en justice. Il serait déplorable que l’impunité s’installe dans cette affaire, comme cela a malheureusement été le cas dans 99% des 230 cas de professionnels des médias tués depuis le début de l’intervention américaine en mars 2003. Deux semaines après le retrait de la dernière brigade de combat de l’armée américaine d’Irak, Reporters sans frontières dresse aujourd'hui un bilan des sept années d’occupation des forces de la coalition et leurs conséquences sur la liberté de la presse. Ce rapport est un hommage à tous les professionnels des médias qui ont payé de leur vie l’exigence d’informer malgré les dangers qu’ils prenaient. Si l’intervention des Etats-Unis a mis un terme au régime de Saddam Hussein et permis un développement important des médias irakiens, le bilan humain de la guerre et des années de violences politique et ethnique qui ont suivi est tout simplement catastrophique. Une véritable hécatombe. La seconde guerre en Irak est le conflit le plus meurtrier pour les journalistes depuis la Seconde Guerre mondiale. Reporters sans frontières a recensé 230 cas de journalistes et de collaborateurs des médias tués dans le pays depuis le début du conflit, le 20 mars 2003. Plus qu’en vingt ans de guerre au Viêt-Nam ou pendant la guerre civile en Algérie. Dans ce rapport intitulé “Guerre en Irak, une hécatombe pour la presse. 2003-2010”, Reporters sans frontières revient sur ces journalistes qui ont été tués au cours de ce conflit pour avoir simplement voulu exercer leur métier. Qui sont-ils ? Pour quels médias travaillaient-ils ? Dans quelles circonstances ont-ils trouvé la mort ? Etaient-ils les cibles d’attaques délibérées ? C’est la troisième fois que Reporters sans frontières réalise pareille étude. La dernière avait été publiée à l’occasion du troisième “anniversaire” de l’invasion américaine en Irak, le 20 mars 2006. Reporters sans frontières revient également sur le phénomène des enlèvements de journalistes au cours de ce conflit. Avec plus de 93 professionnels des médias enlevés, l’Irak a été pendant plusieurs années le plus grand marché aux otages du monde. Soupçonnés de collaboration avec les groupes insurgés, les journalistes irakiens ont également fait l’objet de nombreuses arrestations pendant la guerre, que ce soit par la jeune administration irakienne, ou par l’armée américaine. Le nombre de journalistes arrêtés par les forces de l’armée américaine entre mars 2003 et août 2010 s’élève à au moins une trentaine, principalement en 2008. Au début du mois de janvier 2006, le centre de détention américain de Camp Bucca (situé au sud de l’Irak, entre les villes de Bassorah et Oum Qasr) était devenu la plus grande prison pour les journalistes du Moyen-Orient. Pour mieux saisir les caractéristiques de cette hécatombe, Reporters sans frontières produit des graphiques, notamment des courbes montrant l’évolution des violences depuis 2003.

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Updated on 20.01.2016