Graffitis racistes sur les murs d’une radio, photographe passé à tabac : que se passe-t-il dans la province de Rio Negro ?
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Des graffitis menaçants et racistes ont été découverts, dans la matinée du 9 novembre 2010, sur les murs de la radio publique et universitaire FM Antena Libre, qui opère dans la province de Rio Negro. Les slogans “A bas les gauchers” (“Basta de zurdos”), et “Vive Roca” (“Viva el General Roca”), étaient inscrits à l’aérosol sur une façade de la station. Une croix gammée figurait sous la phrase célébrant l’exterminateur d’indigènes.
La station de radio fonctionne depuis vingt-trois ans ans au sein même des locaux de la Faculté de droit, de sciences sociales et de langues et s’efforce de diffuser des informations reflétant la diversité d’opinions existantes dans la communauté General Roca. Elle donne la parole à l’ensemble des acteurs communautaires : étudiants, voisins, artistes, travailleurs, militants, leaders indigènes, syndicalistes et éducateurs.
Ces menaces inquiétantes suivent de quelques jours une affaire d’agression controversée, dans la même province, contre Carlos Thorp, 19 ans, photographe et collaborateur du journal provincial Al Dia. Le 4 novembre, le journaliste a subi un passage à tabac de la part de membres de la police locale. Le jeune homme a dû être transféré à l’hôpital avec une main fracturée, deux côtes fissurées, des hématomes et des brûlures aux deux mains.
Cinq effectifs de la police ont interpellé le jeune homme dans la rue et, sans lui donner d’explications, l’ont obligé à monter dans une voiture avant de le conduire au commissariat. Les policiers ont alors commencé à le frapper, l’ont menacé de viol, ont pointé plusieurs fois leurs armes contre lui et lui ont brûlé les doigts avec l’appareil de relevé d’empreintes digitales. Le père du jeune homme n’avait pas été averti de l’arrestation de son fils.
Les motifs de l’agression restent encore à éclaircir. D’après une partie de la presse locale, Carlos était mandaté par la police elle-même pour photographier les abus commis par certains fonctionnaires. Une hypothèse à la fois démentie par l’administration concernée et la famille de la victime.
L’enquête doit être menée en priorité dans les rangs de la police pour éclaircir cette affaire. De même, il est urgent de retrouver les auteurs des menaces adressées à FM Antena Libre car ce genre de slogans annonce en général des violences physiques.
L’Argentine occupe un rang plutôt enviable dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (55e sur 178 pays). Néanmoins, le risque professionnel encouru localement n’a pas disparu et la brutalité de certains fonctionnaires de police provinciale contre la presse n’est pas un fait inédit.
Publié le
Updated on
20.01.2016