Grève de la rédaction du JDD : une durée record, à la mesure de l’atteinte aux valeurs du journalisme
La rédaction du Journal du Dimanche (JDD) s’apprête à entamer son 32e jour de grève, ce qui en fait l’une des plus longues grèves de l’histoire des médias français depuis 1975.
Pour la cinquième semaine consécutive, les lecteurs du Journal du Dimanche (JDD) n’ont pas pu lire leur journal dominical. Une mobilisation record dans le monde des médias depuis celle de 28 mois du Parisien en 1975. Reconduite ce samedi 22 juillet par 98 % des votes et entamant son 32e jour de mobilisation ce lundi 24 juillet, elle dépasse notamment les grèves historiques d’i-Télé en 2016 et de Radio France en 2015 qui avaient respectivement duré 31 jours et 27 jours.
En 2016, les salariés d’I-Télé défendaient leur indépendance éditoriale face au nouveau propriétaire Vincent Bolloré. Le JDD n’est que dans une phase de transition entre Lagardère et Bolloré, mais la nomination d’un nouveau directeur démontre une reprise en main et une transformation radicale du journal. La rédaction refuse la trahison de l’histoire et sa transformation en organe d’opinion où les faits et la rigueur journalistique passeraient à la trappe.
“Que la grève de la rédaction du JDD dure aussi longtemps constitue peut-être une surprise, mais cette durée record est à la mesure de l’atteinte aux valeurs du journalisme. Je salue la détermination et le courage des journalistes du JDD qui refusent de se faire manger tout crus, et qui se battent pour que le journalisme ne se laisse pas broyer par un propriétaire qui n’a que mépris pour le journalisme. Cette mobilisation d’ampleur est à la hauteur des enjeux, et la rédaction du JDD mérite une solidarité proportionnée.
La mobilisation en faveur du JDD, lancée notamment lors d’un grand meeting pour l’indépendance éditoriale qui a réuni un millier de personnes au Théâtre Libre à Paris le 27 juin à l’initiative de RSF, a été suivie par le dépôt à l’Assemblée nationale ce 19 juillet de deux propositions de loi mettant en place des mécanismes concrets de sauvegarde de l’indépendance éditoriale. Cela afin, notamment, d’éviter qu’un actionnaire puisse “imposer un directeur de rédaction à la tête d’un journal contre l’avis de 99 % des journalistes qu’il emploie”.
Pour soutenir la grève du JDD vous pouvez faire un don à leur caisse de grève ici.