Géorgie : RSF s’inquiète d’une tentative d’assassinat contre un journaliste
Un célèbre présentateur géorgien aurait été la cible d’un tueur à gages russe, arrêté la semaine dernière. Reporters sans frontières (RSF) demande une enquête transparente et approfondie sur cette affaire et une protection rapprochée du journaliste.
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“Les services secrets géorgiens ont déjoué un crime très grave”, a annoncé le Premier ministre Giorgi Gakharia le 17 juin 2020. Un citoyen russe, arrêté cinq jours plus tôt sur le territoire géorgien, aurait prévu d’assassiner un journaliste, Giorgi Gabounia. Celui-ci avait tenu des propos injurieux à l’encontre du président russe Vladimir Poutine lors d’une émission d’information sur une chaîne d’opposition, en juillet 2019.
Selon la chaîne Formula TV, en contact avec une source des services de sécurité, et le directeur général de Mtavari Arkhi TV, pour laquelle travaille Giorgi Gabounia, cet homme originaire d’Ingouchie, dans le Caucase russe, serait un tueur à gages envoyé par Ramzan Kadyrov, qui tient d’une main de fer la république autonome de Tchétchénie.
Tout en niant avoir commandité un tel assassinat, Ramzan Kadyrov a affirmé le 16 juin sur Telegram que, s’il en avait donné l’ordre, il aurait bien été exécuté. “Giorgi Gabounia ferait mieux de se mettre à genoux et de demander pardon”, au risque sinon de rester son “ennemi”, a-t-il ajouté.
Allié fidèle du président Poutine, Ramzan Kadyrov menace régulièrement des journalistes et cherche à faire taire toute voix critique, même à l’étranger. L’an dernier, il avait menacé Giorgi Gabounia le conduisant à engager des gardes du corps. Des “escadrons de la mort” du Caucase russe ciblent périodiquement la diaspora critique réfugiée en Europe. En début d’année, un blogueur tchétchène a été assassiné à Lille, en France, un autre attaqué en Suède.
“Aussi outranciers et indignes qu’ils soient, les propos tenus par Giorgi Gabounia ne justifient en aucun cas cette tentative d’assassinat, ni des menaces, rappelle Jeanne Cavelier, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Nous demandons aux autorités géorgiennes une enquête approfondie et transparente sur cette affaire, en toute indépendance des autorités russes, et de tout mettre en oeuvre pour assurer la protection du journaliste.”
La Géorgie occupe la 60e place sur 180 et la Russie la 149e au Classement mondial 2020 de la liberté de la presse, établi par RSF.