Occupant la 59e position dans l'édition 2009 du classement mondial de la liberté de la presse, la Bulgarie reste, en la matière, le plus mauvais élève de l'Union européenne. Si la chute de l'ancien régime soviétique en 1989 a ouvert la voie d'une démocratisation, les usages hérités de l'ère communiste n'ont pas tous disparu. Les économies mafieuses qui prennent peu à peu le contrôle des médias n'ont pas encore fait taire toutes les voix. Sur fond de résignation, la presse organise sa résistance. Reporters sans frontières est allée à sa rencontre.
Reporters sans frontières publie un rapport de mission sur la situation de la liberté de la presse en Bulgarie, où le journalisme d'investigation et le pluralisme de l'information sont sérieusement mis en danger par les groupes mafieux et diverses pressions politiques et économiques.
Deux ans après son entrée dans l'Union européenne en janvier 2007, Reporters sans frontières publie un rapport de mission sur la liberté de la presse en Bulgarie, pays qui peine à faire face aux engagements pris auprès de ses voisins européens. Si les espoirs de démocratisation de la société, nés au début des années 1990, ne se sont pas tous évaporés, leur concrétisation reste tributaire d'importantes réformes qui tardent à naître.
« La liberté de la presse ne progresse pas dans le pays. Les mouvements mafieux, qui ont compris l'importance du contrôle de l'information, et les bénéfices divers qui peuvent en être retirés, ont étendu leur emprise sur le secteur des médias. Cette mainmise de 'l'économie grise' sur l'information menace désormais l'existence du journalisme d'investigation et le pluralisme de l'information. La situation que nous avons constatée lors de notre mission à Sofia nous inquiète », a déclaré Reporters sans frontières.
« Si certains journalistes se sont résignés en cédant à l'autocensure, d'autres maintiennent une résistance active aux pressions économiques et politiques. Mais l'assassinat de Georgy Stoev en avril 2008, et la violence de l'agression d'Ognyan Stefanov en septembre 2008, ont rappelé les risques encourus par ceux qui refusent de voir la presse se transformer en simple outil de communication au service d'intérêts particuliers », a poursuivi l'organisation.
La presse bulgare n'est pas la seule au sein de l'Union européenne à subir la violence et l'influence des mafias ou des mouvement paramilitaires. En Italie, une dizaine de journalistes vivent toujours sous protection policière. D'autres ont bénéficié de mesures similaires au Danemark ou en France. En Espagne, l'ETA maintien sa pression sur les journalistes qui préfèrent le pluralisme de l'information à l'activisme terroriste.
« La lutte contre ces mouvements mafieux et leur capacité de nuisance dans les médias doit plus que jamais être abordée au niveau européen et devrait constituer un engagement prioritaire des responsables politiques qui se soumettront au vote des Européens en juin prochain », a ajouté Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Comme l'atteste le rapport publié par l'organisation le 5 février 2009, la Bulgarie demeure une des priorités de Reporters sans frontières au sein des pays membres de l'Union européenne. L'organisation appelle notamment les institutions et la presse européennes à maintenir leur intérêt et à élargir leur soutien, considérant que l'efficacité des organisations non gouvernementales de défense de la liberté d'expression et de la presse bulgare s'en trouverait considérablement renforcée.
La Bulgarie est classée à la 59e position dans le classement mondial de la liberté de la presse établi en novembre 2008 par Reporters sans frontières.
Télécharger le rapport :