Le 31 janvier 2003, un tribunal de Maputo a condamné les assassins du journaliste Carlos Cardoso (photo) à des peines comprises entre 23 et 28 ans de prison. Reporters sans frontières se félicite de cette décision et demande aux autorités de continuer à enquêter afin que toutes les responsabilités dans cette affaire soient établies.
Le 31 janvier 2003, le tribunal spécial mis en place pour juger les assassins de Carlos Cardoso a rendu public son verdict : les six prévenus ont été condamnés à des peines comprises entre vingt-trois et vingt-huit ans de prison de prison.
Reporters sans frontières se félicite de cette décision qui met un frein à l'impunité qui règne en Afrique dans les cas d'assassinats de journalistes. "Cette affaire montre que l'impunité n'est pas inéluctable sur le continent. Ce n'est qu'une question de volonté politique et d'indépendance de la justice", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Nous espérons que ce procès fera tache d'huile en Afrique et que d'autres cas similaires, notamment au Burkina Faso et au Nigeria, feront rapidement l'objet d'un procès juste et équitable", a-t-il ajouté.
Reporters sans frontières demande également aux autorités mozambicaines de poursuivre leurs efforts et de continuer à enquêter afin que toutes les responsabilités dans cette affaire soient établies. L'organisation souhaite notamment que les investigations initiées à l'encontre du fils du président de la République, Nyimpine Chissano, aboutissent rapidement.
Le 31 janvier 2003, Momade Abdul Satar a été condamné à 24 ans de prison ; Ayob Abdul Satar, Vicente Ramaya, Manuel Fernandes et Carlos Rachid Cassamo, à 23 ans et demi de prison. Les cinq prévenus ont été reconnus coupables "d'homicide" dans l'assassinat de Carlos Cardoso.
Un sixième homme, Anibal Antonio dos Santos Junior, plus connu sous le surnom Anibalzinho, a également été condamné par contumace à 28 ans de prison et quinze années de privation de ses droits civiques. Il s'était évadé de la prison de haute sécurité de Maputo dans la nuit du 1er septembre 2002. Le 30 janvier, Anibalzinho a été arrêté par la police sud-africaine à Pretoria. Il devrait être extradé vers le Mozambique dans les prochains jours.
A plusieurs reprises, pendant les débats, les prévenus ont accusé le fils du chef de l'Etat, Nyimpine Chissano, d'avoir ordonné l'assassinat de Carlos Cardoso. Dès le départ, le président Joaquim Chissano a affirmé publiquement que la justice devait être rendue dans son pays et que le "procès (devait) continuer", même si le nom de son fils avait été mentionné. Le 5 décembre, Nyimpine Chissano, appelé à témoigner devant la cour, a nié toute implication dans l'assassinat de Carlos Cardoso. Fin décembre, le procureur de la République a annoncé qu'une enquête était en cours pour déterminer l'éventuelle implication de Nyimpine Chissano dans l'assassinat du journaliste.
Le juge Augusto Paulino a prononcé le verdict de ce procès, ouvert le 18 novembre 2002, à l'intérieur d'une salle d'audience spéciale mise en place à l'intérieur même de la prison de haute sécurité par crainte de "troubles à l'ordre public". Les journalistes ont été autorisés à assister aux débats.
Rappel :
Carlos Cardoso, directeur de Metical, a été assassiné le 22 novembre 2000 sur l'avenue Martires de Machava à Maputo. Il était dans son véhicule avec son chauffeur quand deux hommes leur ont bloqué la route et ont ouvert le feu. Carlos Cardoso, touché de plusieurs balles à la tête, est mort instantanément. Son chauffeur a été grièvement blessé. Avant sa mort, le journaliste enquêtait sur la disparition d'une somme équivalente à plusieurs millions d'euros à la Banque commerciale du Mozambique. Il avait notamment cité les noms des frères Satar et de Vicente Ramaya, trois hommes d'affaires.