Reporters sans frontières a rendu public, le 21 mai 2008, un rapport relatant la carrière de Naizghi Kiflu, conseiller du président érythréen et actuel ministre des Affaires locales, l'homme qui, en septembre 2001, a supervisé au ministère de l'Information les rafles des opposants et des journalistes réformateurs du pays.
Reporters sans frontières a rendu public, le 21 mai 2008, un rapport relatant la carrière de Naizghi Kiflu, conseiller du président érythréen et actuel ministre des Affaires locales, l'homme qui, en septembre 2001, a supervisé au ministère de l'Information les rafles des opposants et des journalistes réformateurs du pays.
L'homme vit aujourd'hui à Londres, dispose d'un permis de séjour illimité au Royaume-Uni et bénéficie des soins d'un hôpital public. Pourtant, le rapport de l'organisation explique comment, depuis 2005, il a fait l'objet d'une enquête de la police britannique pour des actes de torture, à l'initiative d'une militante érythréenne des droits de l'homme. Un dossier à haute teneur politique qui, jusqu'à ce jour, n'a pas encore permis de faire comparaître devant un tribunal celui qui a, pendant plus de trente ans, été "l'homme des sales boulots" du pouvoir, selon un ancien responsable du parti unique interrogé par Reporters sans frontières.
Après avoir recueilli des témoignages inédits des victimes et d'anciens subordonnés de Naizghi Kiflu, l'organisation explique comment le gouvernement érythréen s'appuie sur la diaspora pour maintenir son contrôle de la population. Le fait que l'un de ses "barons" les plus éminents, homme clé du système répressif, vive en Europe et continue malgré tout ses activités politiques, pose un certain nombre de questions aux démocraties censées protéger les réfugiés politiques à qui elles ont accordé l'asile, estime l'organisation.
En conclusion de son rapport, Reporters sans frontières énonce des recommandations à l'attention, notamment, de l'Union européenne et des pays comptant une importante diaspora érythréenne. Il semble à l'organisation que le moins que l'UE et les grandes démocraties puissent faire, à part exiger la libération des prisonniers politiques, est d'interdire de visa les membres du gouvernement et les plus hauts dignitaires érythréens sur le sol européen, jusqu'à ce que l'un des pays les plus fermés au monde "puisse enfin respirer".