Enquête sur la mort de Camille Lepage : "Nous avons besoin de vérité"
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Le 12 mai 2014, la jeune photojournaliste indépendante Camille Lepage trouvait la mort dans une embuscade entre Bouar et Garoua Boulai dans l’ouest de la République Centrafricaine (RCA) alors qu’elle effectuait un reportage dans la région. Une enquête a été ouverte à Paris, dans laquelle Reporters sans frontières s’est portée partie civile.
Il y a déjà un an que Camille Lepage, jeune photojournaliste indépendante, a perdu la vie en République centrafricaine. Photographe engagée, Camille Lepage avait rejoint la Centrafrique en 2013, après avoir parcouru l’Europe, couvert la révolution égyptienne en 2011 et être partie assister à la naissance du Soudan du Sud en juillet 2012. En RCA, la jeune journaliste avait décidé de rester dans ce pays plongé en pleine guerre civile pour témoigner de la violence du conflit et montrer le quotidien des populations. Ses clichés avaient fait le tour du monde publiés dans de prestigieux journaux tels que le Washington Post, le New York Times, Le Monde ou encore The Guardian.
Au moment de sa mort, le président François Hollande s’était engagé à ce que “tous les moyens nécessaires (soient) mis en œuvre pour faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat”. Depuis, une enquête a été ouverte à Paris, dans laquelle Reporters sans frontières s’est portée partie civile, mais elle peine à obtenir des informations tangibles dans le contexte sécuritaire compliqué qui mine toujours la RCA. L’enquête ouverte à Bangui n’avance pas plus rapidement.
Interrogée par RSF sur ses attentes vis-à-vis de la procédure judiciaire, la mère de Camille Lepage, Maryvonne Lepage, déclare : “J'attends plus de précisions sur ce qui s’est réellement passé. Je comprends que l'enquête soit compliquée en RCA, en raison des faiblesses de la justice et de l'insécurité, mais nous avons besoin de la vérité pour pouvoir avancer."
Pour poursuivre l’engagement de Camille « pour les causes oubliées, pour ces gens qui souffrent en silence et auxquels personne ne prête attention », sa famille a créé l’association « Camille Lepage - On est ensemble ». L’association vise notamment à participer au soutien des populations en souffrance dont les conflits rythment le quotidien, à sensibiliser les jeunes journalistes à la sécurité dans l’exercice de leurs missions et à soutenir la réalisation de projets de reportages de photojournalistes. “Faire voir les photos de Camille, faire connaître la souffrance des pays en conflit, et ouvrir les yeux sur ce qui se passe dans le monde. Pour moi c'est important et c'était l’engagement et les valeurs de Camille”, a confié Maryvonne Lepage à RSF.
A l'occasion de l'édition 2015 de “Visa pour l'image” à Perpignan, festival international du photojournalisme, un Prix photographique Camille Lepage sera remis à un photojournaliste. “Il récompensera l’engagement personnel d’un photojournaliste et non pas un travail fini mais un travail débuté, pour que le journaliste puisse retourner sur place et terminer son projet” explique Maryvonne Lepage.
La République centrafricaine a enregistré la plus grande chute au Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2014, avec une perte de 44 places. Elle perd encore une place en 2015 et se situe à la 110ème place sur 180 pays dans le Classement 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Pour adhérer à l’association “Camille Lepage - On est ensemble”, contacter : [email protected]
Pour commander "On est ensemble", livre hommage à Camille : http://www.collectiondesphotographes.com/photo-journalisme/republique-centrafricaine-on-est-ensemble.html/
Pour découvrir les séries photographiques de Camille: http://hanslucas.com/clepage/photo ainsi que son photoshelter : http://camille-lepage.photoshelter.com/
Publié le
Updated on
20.01.2016