La junte thaïlandaise ne plaisante pas avec la liberté conditionnelle. Le journaliste
Thanapol Eawsakul a été arrêté, le 5 juillet 2014, par les militaires pour avoir publié un message sur Facebook, ce qui constituerait une violation. Le rédacteur en chef avait été invité par des militaires à une “discussion dans un café”. A son arrivée sur les lieux, il a été immédiatement arrêté. Il a finalement été relâché le 9 juillet.
Déjà arrêté le 23 mai dernier pour avoir participé à une manifestation pacifique contre le coup d’Etat, il avait été relâché sept jours plus tard. La junte qui étend un peu plus chaque jour sa mainmise sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, avait exigé du journaliste qu’il signe, lors de sa remise en liberté, un engagement à ne pas s’impliquer dans des activités politiques susceptibles de provoquer des troubles sociaux. Si on ne connaît pas la nature précise du message posté sur Facebook, ce dernier a fortement déplu à la junte qui a tendu un véritable piège au rédacteur pour l’arrêter.
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Il est très inquiétant de constater que l’armée thaïlandaise est en train d’opérer un changement de régime. Ce n’est plus le droit qui gouverne mais la junte, qui dirige par la force", déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. “
Sous prétexte de garantir l’ordre public, l’armée vise à censurer toute critique à son encontre et à dissuader la presse d’émettre librement des opinions. Les militaires doivent mettre un terme aux violations répétées de la liberté de l’information depuis leur arrivée au pouvoir”.
Depuis son arrivée au pouvoir le 22 mai dernier, la junte militaire semble vouloir contrôler de plus en plus les réseaux sociaux. Le 28 mai, Facebook avait été rendu inaccessible pendant une heure environ. Le 25 juin dernier, le Conseil national pour la paix et l’ordre annonçait la
création de comités chargés de contrôler le contenu des médias, et notamment des réseaux sociaux. Plus tôt dans le mois, le chef adjoint de la police métropolitaine avait déclaré que ceux qui posteront des message hostiles au coup d’Etat sur les réseaux sociaux seront considérés comme ayant violé la loi, et donc arrêtés. Les auteurs de messages postés constituant des crimes de “lèse-majesté” seront soumis au même traitement.
Le magazine de Thanapol Eawsakul,
Fah Diew Gan (
Same Sky), est d’ailleurs réputé pour ses prises de position critiques envers le crime de “lèse-majesté”, à l’origine de nombreuses poursuites contre des journalistes et des blogueurs.
La Thaïlande se positionne à la 130e place sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.