En déplacement dans le Pacifique, le ministre chinois des Affaires étrangères ne tolère aucun journaliste
Reporters sans frontières (RSF) dénonce le black-out total de l’information autour des événements organisés dans le cadre d'une tournée de dix jours du ministre des Affaires étrangères chinois dans plusieurs pays du Pacifique.
Alors que le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi se trouve à mi-chemin d’une tournée dans huit pays du Pacifique, commencée le 26 mai, aucun journaliste n’a jusque-là été autorisé à lui poser la moindre question - sauf un journaliste d’un média d’État chinois.
Lors du passage de sa délégation aux îles Fidji, lundi 30 mai, "le point presse lui-même a été géré par le gouvernement en visite, et les cartes de presse ont été délivrées par le gouvernement chinois," a expliqué la journaliste fidjienne Lice Movono au Guardian. Mais même accrédités, Lice Movono et son caméraman, tout comme la chaîne australienne ABC, ont été empêchés de filmer les rencontres entre Wang Yi et ses homologues de la région.
Quatre jours plus tôt, lors de la première escale de la délégation aux îles Salomon, seul un nombre limité de médias avaient pu couvrir la conférence de presse sous prétexte de la Covid, et seules deux questions ont pu être posées : l’une par un reporter local au ministre des Affaires étrangères salomonais et l’autre par un média chinois à Wang Yi. Les deux jours suivants, à Kiribati et à Samoa, aucune interaction avec les médias n’était autorisée.
Résister aux pressions chinoises
“La totale opacité qui entoure les événements organisés par la délégation chinoise avec plusieurs États insulaires du Pacifique contrevient clairement aux principes démocratiques des pays de la région, s’indigne le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Nous appelons les responsables s’apprêtant à rencontrer Wang Yi à résister aux pressions chinoises en laissant les journalistes locaux et internationaux couvrir ces événements, qui présentent un intérêt public majeur.”
Parti pour conclure des accords de libre-échange et de sécurité avec une dizaine de pays de la région, le ministre des Affaires étrangères chinois s’est déjà rendu aux îles Salomon, à Kiribati, aux Samoa, aux Fidji, et doit encore aller aux Tonga, au Vanuatu, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Timor oriental.
En novembre 2018, RSF avait dénoncé les discriminations pratiquées par la délégation chinoise à l’encontre des médias locaux et internationaux en marge du sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), qui s’était tenu en Papouasie-Nouvelle-Guinée en présence du président Xi Jinping.