Elections législatives en Iran : les électeurs privés d’informations indépendantes
Le 21 février prochain, 57 millions d’Iraniens doivent élire les 290 députés du 11e Parlement de la république islamique. Reporters sans frontières (RSF) déplore la répression et la censure imposée à l’ensemble des médias, qui se retrouvent dans l’incapacité d’exercer leur mission d’information à l’occasion de ce scrutin.
Les élections législatives sont verrouillées d'avance. Les médias gouvernementaux organisent ouvertement la propagande du régime, tandis que les autorités censurent et encadrent le travail de l’ensemble des médias. La consigne est claire : il faut à tout prix encourager la population à participer aux élections. Il s’agit aussi de favoriser le retour en force des conservateurs proches de guide suprême Ali Khamenei. Face à l’élimination des voix critiques ou modérées, de nombreuses personnalités proches des réformateurs ou de l’opposition ont appelé au boycottage de l’élection.
Des journalistes ayant publié sur les réseaux sociaux des informations sur des candidats corrompus ont été convoqués par différents services de renseignements ou menacés par des sympathisants des candidats. Depuis le 8 janvier 2020, au moins 21 journalistes ont été interrogés à travers le pays. Les domiciles et les lieux de travail de six d’entre eux ont été perquisitionnés par des gardiens de la révolution.
Par ailleurs, des journalistes iraniens ou binationaux, travaillant pour des médias indépendants basés hors d’Iran, continuent d’être menacés par le régime. Tout est mis en oeuvre par la République islamique pour priver les Iraniens de sources d’information indépendantes.
« La censure des médias iraniens, déjà multiforme et omniprésente, s’est encore renforcée à la veille des élections législatives du 21 février, dénonce le responsable de la zone Iran-Afghanistan pour RSF, Reza Moini. Or sans une presse libre permettant à la population d'accéder à des informations indépendantes, une élection n’est ni libre, ni équitable, ni démocratique. »
Au total, 24 journalistes et journalistes-citoyens sont actuellement emprisonnés, faisant de l’Iran la septième prison au niveau mondial pour les professionnels des médias.
L’Iran se situe à la 170e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2019 de RSF