Election présidentielle en Afghanistan : RSF appelle à plus de protection pour les journalistes
Le 28 septembre plus de neuf millions d’Afghans seront appelés aux urnes pour choisir leur nouveau président de la République. Reporters sans frontières (RSF) demande davantage de protection pour les journalistes, garants d’une élection libre, transparente et démocratique.
Le climat demeure très tendu sur place. Le 24 septembre 2019, Abdulhamid Hotaki, journaliste pour la radio Hiwad de Kandahar a été tué dans un attentat à la bombe contre QG de Mohammad Ashraf Ghani. C’est le cinquième journaliste tué en Afghanistan depuis le début de l’année.
Alors que Tadamichi Yamamoto,Représentant spécial des Nations unies en Afghanistan (MANUA) appelle à la fin de l'intimidation et au respect du droit de vote, les Talibans eux menacent les électeurs en déclarant les bureaux de vote “cible militaire”. Dans cette élection 17 aspirants sont en lice pour succéder à Mohammad Ashraf Ghani, lui-même candidat à sa propre succession.
“Nous appelons tous les candidats démocrates à renouveler leur engagement et leur implication en faveur de la liberté de la presse et la protection des journalistes”, déclare Reza Moini, responsable du bureau Afghanistan de RSF. “Le rôle des médias sera déterminant dans cette élection autant comme source d'information que comme observateurs du scrutin.”
FORMATION
C’est dans ce contexte pré-électorale que RSF s’est rendu en Afghanistan du 10 au 20 septembre pour organiser quatre formations pour 65 journalistes (dont 29 femmes) venus de 19 provinces et de 48 médias indépendants.
A la demande du Centre pour la protection des journalistes afghanes (CPAWJ), partenaire de RSF en Afghanistan, l’organisation a encadré une formation spécifique pour les femmes reporters, à l’aide du Guide pratique de sécurité des journalistes et le Guide pratique du journaliste en période électorale, traduits pour l’occasion en persan et en pachtoune.
L’organisation a également soutenu la campagne du CPAWJ intitulée : « Votez pour les candidats qui défendent les droits des femmes journalistes ! » Jusqu'à ce jour 6 candidats ont signé la déclaration du CPAWJ.
Lors d’une conférence de presse le 18 septembre 2019, RSF et la Fédération des associations et des médias en Afghanistan ont aussi lancé la campagne intitulée : «Sans garantie pour la liberté de la presse, il n’y aura pas de paix juste et durable».
RSF demande aux tous les candidats de s’engager à :
- Agir et tout mettre en œuvre pour la protection de la liberté de la presse et des journalistes, en respect de la constitution, des décrets de la république islamique d’Afghanistan et des normes internationales qui figurent dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques sur la liberté de la presse.
- Renforcer toutes les lois fondamentales, décrets et institutions qui, depuis 18 ans, garantissent la liberté de la presse, la protection des journalistes, et en particulier les droits des femmes journalistes.
- Protéger et renforcer les mesures prises par le gouvernement d’union nationale et le comité de coordination pour la sécurité des journalistes et médias en faveur de la liberté de l’information. Renforcer l’action des sous-comités qui ont été créés pour vérifier et suivre les exactions et les menaces contre les journalistes et les médias, comme la direction générale d'analyse et de lutte contre les crimes.
- Respecter les droits des femmes journalistes à travailler librement.
L’Afghanistan se situe à la 121e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2019 établi par RSF.