Egypte : le journal Tahrir News forcé de fermer ses portes
Le journal privé Tahrir News a annoncé sa fermeture prochaine du fait du blocage de son site internet depuis deux mois. Reporters sans frontières (RSF) déplore les blocages répétés des autorités égyptiennes qui forcent les médias à abandonner leurs activités.
Bloqué en Egypte depuis le 9 mai 2019, le journal Tahrir News a annoncé dans un communiqué sa fermeture possible dans deux mois, du fait des mauvaises conditions économiques induites par cette interruption.
Contacté par Reporters sans frontières (RSF), le rédacteur en chef, Mohamed Fawzy, explique n’avoir aucune idée de l’origine du blocage, ni même sa raison. La rédaction, via son communiqué, raconte avoir sollicité les autorités égyptiennes de toutes parts pour obtenir des explications, sans réponse de leur part. L’incompréhension est d’autant plus grande que le Conseil suprême de régulation des médias, le Syndicat des journalistes et même le ministère des Communications ont confirmé que le site internet n’avait commis aucune infraction.
“Bloquer un site d’information privé pendant des semaines voire des mois est inacceptable et revient à le pousser vers la faillite, déplore Reporters sans frontières (RSF). La fermeture de Tahrir News représente un nouveau coup dur pour la liberté de la presse dans ce pays.”
A la suite de cette annonce, le Réseau arabe pour la liberté d’information (ANHRI) a déploré des mesures qui intensifient encore la “désertification” des médias en Egypte. Lors d’une séance à la Chambre des représentants, le député Haitham Elhariri, a de son côté interpellé le Premier ministre : “La force et la vitalité de tout système politique sont liées à l’existence d’une opposition forte, a-t-il déclaré. La marginalisation et l'affaiblissement de l'opposition témoignent de la faiblesse du système politique”.
Depuis 2017, au moins 535 sites Internet ont été bloqués en Egypte, selon un rapport de l’Association de défense des libertés de pensée et d’expression (Afte), et cette liste continue de s’allonger. La plupart des blocages résultent d’une décision administrative liée à la lutte contre le terrorisme, lorsque les sites sont considérés proches des Frères musulmans ou du Qatar.
En 2019, l’Egypte figure à la 163e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.