"Dix ans plus tard, la mobilisation doit continuer dans l'affaire Guy André Kieffer".
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Il y a dix ans, le 16 avril 2004, le journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer, disparaissait, sur un parking d'Abidjan, alors qu'il avait rendez-vous avec le beau frère de la première dame de l'époque, Simone Gbagbo, dans le cadre de son enquête sur les malversations touchant la filière cacao en Côte-d'Ivoire. Personne n'a plus jamais eu de ses nouvelles.
" Ce 16 avril marquera le triste anniversaire de la disparition du journaliste Guy-André Kieffer. Dix années pendant lesquelles les enquêtes judiciaires amorcées n'ont pas abouti, les témoins et inculpés se sont soudainement dédits, les gouvernements qui se sont succédés en France et en Côte d'Ivoire ont envoyé des signaux mitigés quant à l'avancée de l'enquête. La mobilisation doit continuer, plus forte que jamais, afin que justice soit faite dans l'affaire Guy André Kieffer", déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Le juge d'instruction, Patrick Ramaël, a été déchargé de ses fonctions le 1er septembre 2013, à l'expiration de son mandat de dix ans. Ce juge avait investi et soutenu sans relâche l'enquête dans le dossier Guy André Kieffer, réalisant plusieurs voyages en Côte d'Ivoire, convoquant pendant longtemps sans succès la première dame Simone Gbagbo pour témoigner. Continuant d'avancer alors que les moyens de l'Etat français lui étaient retirés, il avait réalisé une perquisition à l'Elysée pour se saisir du dossier de l'affaire. Depuis son départ, ni la famille de Guy André Kieffer, ni leurs avocats, ni les parties civiles impliquées n'ont été officiellement contactés par les juges nouvellement nommés au dossier, Cyril Paquaux et Nicolas Blot, qui suivait déjà le dossier avec le juge Ramaël.
En janvier, la famille de Guy-André Kieffer a écrit aux présidents Hollande et Ouattara qui devaient se rencontrer, pour leur demander de mettre le dossier de la disparition du journaliste au cœur de leurs discussions. Cette rencontre a été reportée.
En commémoration de ces dix ans d'absence, d'incertitude et d'espoirs déçus, mais aussi afin de célébrer le travail et l'engagement de Guy-André Kieffer à investiguer et à faire jaillir la vérité, les proches de Guy-André Kieffer appellent à un rassemblement Place Gambetta, à Paris, le 16 avril 2014, de 12 heures 30 à 14 heures 30, de tous ceux et celles qui les ont soutenus au fil des années.
Du 16 avril au 1er mai, Reporters sans frontières organise une campagne d'affichage à Abdijan, en collaboration avec le Comité de soutien des journalistes ivoiriens, pour demander aux autorités ivoiriennes et au président Ouattara en particulier de respecter sa promesse faite en avril 2012 que " personne ne sera protégé.".
La question de l'impunité des auteurs de crimes commis à l'encontre des journalistes se pose aujourd'hui plus que jamais sur la scène internationale.
Lors de sa dernière session en 2013, l'Assemblée générale des Nations unies a décrété le 2 novembre Journée internationale de lutte contre l'impunité des crimes commis contre les journalistes, que ce soit dans un contexte de conflit armé ou non. Cette journée a été choisie en hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes de RFI assassinés en 2013 au Mali. En 2006, Reporters sans frontières avait joué un rôle moteur dans l'adoption par le Conseil de sécurité de la Résolution 1738 sur la protection des journalistes.
Pour plus d'information sur l'affaire Guy-André Kieffer, consultez la chronologie établie par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016