Reporters sans frontières s'élève contre deux agressions commises, le 29 juin, contre des photographes à Caracas. Ces actes d'intimidation s'apparentent fort à des brimades contre la presse. L'organisation en appelle au procureur général de la République, Isaías Rodriguez.
Reporters sans frontières est interloquée par les agressions commises, le 29 juin 2005 à Caracas, contre les photographes Cirilo Hernández, du quotidien Últimas Noticias, et Juan Carlos Neida, du quotidien El Nuevo País. Dans une lettre, l'organisation a exhorté le procureur général de la République, Isaías Rodríguez, « à mettre fin à ces brimades contre la presse ».
« Une dirigeante politique proche du pouvoir et des agents présumés du renseignement militaire se sont rendus responsables d'intimidations et de violences inadmissibles contre des journalistes au seul prétexte qu'ils prenaient des photos. Ces actes répétés, et commis avec un sentiment d'impunité, ne sont pas acceptables. Il vous appartient, Monsieur le procureur général, d'y mettre fin en sanctionnant les auteurs de ces incidents », a écrit Reporters sans frontières dans son courrier.
Cirilo Hernández et sa collègue de Últimas Noticias, Mabel Sarmiento, ont été appréhendés, le 29 juin, place Andrés Eloy Blanco, près du palais présidentiel Miraflores, alors qu'ils effectuaient un reportage sur les sans-abris. Selon Mabel Sarmiento, citée par l'association de défense de la liberté de la presse IPYS (Instituto prensa y sociedad), plusieurs individus ont commencé à insulter les journalistes, ont menacé de les frapper et tenté de leur arracher leurs appareils. L'un des agresseurs a prétendu que l'endroit était sous le contrôle de Lina Ron, une dirigeante politique proche d'Hugo Chávez, et que la prise de photos nécessitait son autorisation.
Les inconnus ont ensuite emmené de force les journalistes dans un bureau pour les retenir jusqu'à l'arrivée de Lina Ron, deux heures plus tard. Celle-ci leur a réaffirmé que son autorisation était obligatoire pour photographier sur la place. Mabel Sarmiento a prévenu qu'elle relaterait l'épisode dans Últimas Noticias. A quoi Lina Ron aurait répondu : « Ecris ce que tu veux, personne ne te croira, tu seras une journaliste menteuse de plus. »
Le même jour, quatre hommes qui circulaient en jeep et portaient des laissez-passer de la Direction du renseignement militaire, ont intercepté Juan Carlos Neida dans le quartier Las Mercedes, alors qu'il prenait des photos. Le journaliste a montré ses papiers professionnels et a reçu en réponse plusieurs coups et insultes, avant d'être embarqué de force dans la jeep. Juan Carlos Neida a été séquestré durant huit heures dans le véhicule qui effectuait des rondes à travers la ville, avant d'être relâché en pleine nuit dans la zone inhabitée Cota Mil, au pied du mont El Ávila (est de Caracas).