Reporters sans frontières exprime sa consternation après qu'un responsable gouvernemental malawite a annoncé la prochaine inculpation de deux journalistes arrêtés le 15 mars 2005 pour avoir « rendu ridicule » le chef de l'Etat.
Reporters sans frontières exprime sa consternation après qu'un responsable gouvernemental malawite a annoncé la prochaine inculpation de deux journalistes arrêtés le 15 mars 2005 pour avoir « rendu ridicule » le chef de l'Etat.
Raphael Tenthani, correspondant de la British Broadcasting Corporation (BBC), et Mabvuto Banda, journaliste du quotidien privé The Nation et collaborateur de l'agence britannique Reuters, avaient déjà été inculpés le 15 mars 2005 de « publication de fausses informations » suite à leur article relatant l'abandon par le président Bingu wa Mutharika de son palais de Lilongwe par crainte de fantômes.
Libérés sous caution le 16 mars, ils vont être à nouveau inculpés pour avoir « rendu ridicule » le chef de l'Etat, selon une déclaration du directeur du ministère public, Ishmael Wadi.
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17.03.2005 - Les deux journalistes à l'origine de l'article sur le palais présidentiel hanté libérés sous caution
Raphael Tenthani, correspondant de la British Broadcasting Corporation (BBC), et Mabvuto Banda, journaliste du quotidien privé The Nation et collaborateur de l'agence britannique Reuters, ont été libérés sous caution le 16 mars 2005, selon leur avocat Ian Malera. Mais la procédure contre les deux journalistes accusés de « publication de fausses informations à même de causer un trouble à l'ordre public » est toujours en cours. Pour le moment, ils n'ont pas eu à payer la caution ni à comparaître devant le tribunal, mais ils sont dans l'obligation de se présenter au poste de police de Blantyre une fois par semaine.
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16.03.2005 - Le Président aurait entendu des fantômes : deux journalistes arrêtés et inculpés
Reporters sans frontières exige l'abandon des charges portées contre deux journalistes malawites, arrêtés le 15 mars 2005 et inculpés de « publication de fausses informations », après qu'ils ont relayé les propos d'un conseiller du président Bingu wa Mutharika affirmant que le chef de l'Etat avait abandonné sa résidence officielle par peur des fantômes.
« Cette affaire surgit comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, a déclaré Reporters sans frontières. Il s'agit d'une première depuis l'élection de Bingu wa Mutharika à la présidence, en mai 2004 : l'orgueil blessé du chef de l'Etat vaut à deux journalistes d'être arrêtés à l'aube comme des bandits et jetés en prison. Nous appelons le Président à ne pas instrumentaliser la police et la justice contre la presse pour satisfaire sa colère. Cette affaire navrante doit être réglée au plus vite et, pour cela, les charges retenues contre les deux journalistes doivent être abandonnées. »
Raphael Tenthani, correspondant de la British Broadcasting Corporation (BBC), et Mabvuto Banda, journaliste du quotidien privé The Nation et collaborateur de l'agence britannique Reuters, ont été arrêtés à l'aube, le 15 mars, à leur domicile de Blantyre, et placés en détention au quartier général de la police à Lilongwe (la capitale administrative, à 320 km au nord). Selon Raphael Tenthani, cité par l'Agence France-Presse (AFP), les deux journalistes ont été inculpés pour « publication de fausses informations ».
Les deux hommes, ainsi que de nombreux autres médias internationaux, avaient relayé les propos du révérend Malani Mtonga, conseiller aux affaires religieuses du Président, affirmant que ce dernier avait décidé de quitter sa résidence officielle parce qu'il entendait des « bruits étranges » ou « sentait une présence rôder autour de lui » la nuit. Une source anonyme proche de la présidence avait confirmé l'information. A son retour d'une visite au siège de l'Union européenne (UE) à Bruxelles, le président Mutharika a violemment démenti l'information, affirmant qu'il n'avait « jamais eu peur des fantômes ». Il a également insinué que les journalistes avaient été soudoyés par l'opposition afin de nuire à son image. Le révérend Mtonga a nié avoir tenu de tels propos face à la presse. Un conseiller à la vice-présidence, Horace Nyaka, a également été arrêté et inculpé dans la même affaire, apparemment accusé d'être la source anonyme des journalistes.
L'information selon laquelle le Président quittait son palais par crainte des fantômes avait suscité la réprobation de certains éditorialistes, qui exhortaient le président Mutharika à se concentrer sur d'autres priorités, notamment la pauvreté endémique de ce pays d'Afrique australe. En décembre 2004, le président Mutharika, un ancien économiste de la Banque mondiale, avait décidé de restituer sa fonction d'origine au palais présidentiel extravagant construit par l'ancien dictateur Kamuzu Banda, alors que, depuis le retour à la démocratie en 1994, ce complexe de 555 hectares abritait le Parlement.