Deux journalistes et un responsable administratif ont été tués, le 28 août, dans la ville de Quetta, au cours d’une violente attaque dans les bureaux de l’agence de presse Online. Ces assassinats mettent à nouveau en lumière l’insécurité extrême dans laquelle travaillent les journalistes du Baloutchistan.
La province du Baloutchistan figure toujours parmi les régions les plus meurtrières du monde pour les journalistes. L’assassinat de trois professionnels de l’information, le 28 août 2014, confirme le climat d’insécurité qui pèse sur l’ensemble de la presse. Les journalistes
Irshad Mastoi et
Abdul Rasool et le comptable de l’agence,
Muhammad Yunas, ont été mortellement touchés par les tirs d’individus ayant fait irruption dans les locaux.
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Reporters sans frontières présente ses condoléances aux familles de ces courageux professionnels de l’information et appelle les autorités à renforcer temporairement la sécurité autour des bureaux de l’agence. Cette attaque a eu lieu dans un quartier prétendument sous haute sécurité, et pourtant les assassins ont pu s’enfuir sans rencontrer de difficultés. Dans cette région où l’impunité règne, il est du devoir des autorités de les arrêter et de les traduire en justice”, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Irshad Mastoi était le chef de bureau de l’agence de presse
Online et président de l’Union des journalistes du Baloutchistan. En 2012, il avait affirmé à Reporters sans frontières être dans une position délicate, pris en étau entre les groupes d’insurgés baloutches qui exigeaient de lui que son agence relaie leurs informations, et les services de renseignements pakistanais qui le menaçaient s’il se soumettait à la pression des insurgés.
Dans une région qui est actuellement en proie à de violents affrontements entre armée pakistanaise et groupes d’insurgés baloutches, la sécurité des journalistes désirant rester sur place pour couvrir la situation est compromise. Sous la pression de menaces, les journalistes de Khuzdar ont été contraints de fermer, début août 2014, leur association de presse locale, alors que d’autres ont dû quitter leur domicile suite aux offensives menées par les forces gouvernementales. En 2011, l’agence
Online avait déjà perdu un de ses collaborateur, le
reporter Munir Ahmed Shakir, abattu alors qu’il couvrait une manifestation dans le district de Khuzdar (sud-est de Quetta).
Le Pakistan se positionne à la 158e place sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.