Deux journalistes assassinés en Haïti : RSF demande une enquête exemplaire et exhaustive
Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités haïtiennes à identifier au plus vite les responsables du sordide assassinat de deux journalistes et à assurer immédiatement la protection de leur confrère, qui a miraculeusement pu échapper à l’attaque.
C’est à Port-au-Prince, la capitale de Haïti, que les journalistes Wilguens Louissaint et Amady John Wesley ont été tués par balles par un gang armé agissant dans la région, selon des médias locaux . Un troisième journaliste qui les accompagnait, William Vil, a pu échapper à l’attaque et s’enfuir. Les faits se sont produits à Laboule 12, un quartier périphérique huppé de la ville, où un gang armé s'était établi avant l'assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, avant d'en être chassé par la police. Le gang serait revenu s'établir dans le quartier en ce début d'année 2022, marquée par l'assassinat du commissaire de police local.
Selon les informations recueillies par RSF, les trois journalistes enquêtaient sur le climat sécuritaire de cette zone et plus particulièrement sur l’assassinat de ce fonctionnaire. C’est au retour de leur interview avec le chef du gang que les journalistes ont été attaqués.
“RSF dénonce un acte barbare et demande aux autorités haitiennes d’identifier au plus vite les commanditaires et exécutants de ce double assassinat, déclare le directeur du bureau Amérique latine pour RSF, Emmanuel Colombié. Afin d’avancer dans l’enquête, il est également fondamental et urgent que la police et la justice haïtiennes garantissent la protection du journaliste William Vil. Les conditions de travail pour la presse sont déplorables en Haïti. La protection de la profession doit être une priorité du nouveau gouvernement d’Ariel Henry.”
Wilguens Louissaint collaborait pour plusieurs médias locaux et Amady John Wesley travaillait pour Radio Écoute FM, une station basée au Canada, pour laquelle les trois journalistes réalisaient leur reportage.
RSF est extrêmement préoccupée par l’intensification des violences contre la presse en Haïti, où les attaques armées se sont multipliées lors des dernières années. En 2019, les journalistes Pétion Rospide (Radio sans Fin) et Néhémie Joseph (radios Panic FM et Méga) ont eux aussi été assassinés en lien avec leur travail journalistique. Par ailleurs, depuis le 14 mars 2018, le reporter photographe Vladjimir Legagneur est porté disparu. Aucune avancée significative n’a été communiquée par les enquêteurs dans ces trois affaires.
Haïti occupe la 87e place sur 180 pays au Classement pour la liberté de la presse établi par RSF en 2021.