Deux journalistes arrêtés : en Birmanie, la guerre de la junte contre le droit à l’information se poursuit
Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’arrestation récente de deux journalistes par la junte militaire birmane et appelle la communauté internationale à faire pression pour leur libération ainsi que celle des 68 autres professionnels des médias détenus dans le pays.
Le 11 décembre 2023, Aung San Oo et Myo Myint Oo, deux journalistes birmans de l’agence de presse Dawei Watch ont été arrêtés à leur domicile en pleine nuit par plusieurs officiers de police et militaires dans la ville de Mergui, située dans le sud du pays.
Selon le rédacteur en chef de ce média en ligne spécialisé dans la couverture des actualités locales du sud de la Birmanie, les ordinateurs des deux journalistes ont été saisis lors de l’arrestation, de même que leurs téléphones et ceux de leurs proches. Selon cette même source, les soldats de la junte auraient déclaré les avoir arrêtés pour avoir "publié des reportages" et les auraient placés dans un centre d'interrogatoire. Déjà, en janvier 2022, deux journalistes et un collaborateur de Dawei Watch avaient été détenus pendant huit jours par la junte.
"Ces deux journalistes ne faisaient que leur travail d’information du public et n’auraient jamais dû être arrêtés. Nous appelons la communauté internationale à faire davantage pression sur le régime birman pour qu'il mette fin au verrouillage de l’information instauré depuis le coup d'État de 2021, et qu’il libère ces deux journalistes ainsi que les 68 autres détenus dans le pays.
Un paysage médiatique sous emprise
En novembre dernier, le régime militaire a renforcé son emprise sur les médias en modifiant la loi régissant le Conseil de radiodiffusion, mettant ainsi la main sur cette autorité chargée de superviser les médias télévisés et radiodiffusés. Le texte, amendé sans qu’aucun débat n’ait été organisé, prévoit que les cadres de la junte sont désormais automatiquement membres de son conseil d’administration.
Le bouleversement du paysage médiatique birman a démarré quelques jours seulement après le putsch du 1er février 2021. La junte a rapidement publié une liste noire de médias interdits. Depuis, quatre journalistes ont été tués par l'armée : le photographe indépendant Aye Kaw ; le fondateur de l'agence de presse Khonumthung Pu Tuidim ; le chef d’édition du Federal News Journal Sai Win Aung ; et le photoreporter indépendant Soe Naing.
La Birmanie, qui se situe dans les limbes du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, à la 173e place sur 180 pays, est devenue la deuxième plus grande prison de journalistes après la Chine.