Deux journalistes agressés au Nord-Kivu : RSF s’inquiète de la menace qui pèse sur le droit à l’information dans la province
Deux journalistes ont été agressés en pleine nuit à leur domicile par des individus armés et encagoulés en l’espace d’une semaine, dans la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC). Près d’un mois avant les élections générales, Reporters sans frontières (RSF) condamne ces attaques et intimidations, et demande aux autorités d’identifier et de traduire les responsables en justice.
La province du Nord-Kivu, minée par l’insécurité, confirme son statut de terrain de tous les dangers pour les journalistes. Journaliste à la Radio télévision Ishango (RTI), Nerry Ushindi est le dernier à en avoir fait les frais. Trois individus armés et encagoulés ont forcé l’entrée du pavillon du journaliste travaillant pour la radio communautaire émettant à Kasindi, dans le Nord-Kivu, à l’est du pays, dans la nuit du 9 au 10 novembre.
Munis d’une arme à feu, de machettes et de marteaux, les assaillants réclamaient au journaliste de l’argent ainsi que son matériel professionnel, et menaçaient de l’empêcher de poursuivre son travail à la RTI. Nerry Ushindi a finalement cédé son équipement, dont deux téléphones, ainsi que 400 000 francs congolais (environ 150 euros). Les trois individus ont ensuite blessé le journaliste au bras avec une arme blanche et ont passé à tabac sa mère, présente dans la maison.
Présentateur d’une émission politique sur Hope Channel TV, où il aborde le problème de l’insécurité à Goma, Jonas Kasula a lui aussi été attaqué dans la nuit du 2 au 3 novembre à Goma. Quatre individus encagoulés et armés se sont introduits chez lui, l’ont ligoté et lui ont volé son matériel. Ils ont menacé de revenir le tuer s’il ne changeait pas de travail, selon les propos recueillis par RSF.
Les agressions vécues par Nerry Ushindi et Jonas Kasula à leurs domiciles, marquées par une violence inouïe, sont intolérables. Les assaillants cherchaient manifestement à intimider des journalistes critiques de leurs actions dans la zone. RSF condamne ces deux attaques et appelle les autorités à identifier les différents responsables pour les traduire en justice.
À un mois des élections générales, les conditions d’exercice du journalisme ne s’améliorent pas dans la province du Nord-Kivu : au moins dix cas d’agressions physiques ont été documentés dans les villages du groupement Basongora depuis le début de l’année. RSF appelle les candidats à l’élection présidentielle à prendre publiquement dix engagements pour promouvoir la liberté de la presse, dont notamment assurer la protection des journalistes.