Un tribunal égyptien a condamné, samedi 11 avril, les journalistes
Abdullah Alfakharany, reporter et co-fondateur du site d’information
Rassd,
Samhi Mostafa, directeur exécutif du même site, et
Mohamed Al-Adly, présentateur de la chaîne
Amgad TV, à la prison à vie pour publication de “fausses nouvelles” et pour intention de “répandre le chaos” lors de leur couverture en août 2013 des manifestations pro-Morsi sur la place Rabaa Al-Adawiya au Caire. Les journalistes peuvent faire appel de la décision.
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Les autorités égyptiennes devraient arrêter de s’acharner sur les journalistes dont le seul tort est d’exercer leur métier d’information, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction des programmes de l’organisation.
Sous des prétextes de lutte contre le terrorisme et sous couvert de l’argument sécuritaire, les autorités égyptiennes s’en prennent à ceux dont la voix ne se fait pas le relai du message officiel. Ce jugement arbitraire ne fait qu’aggraver une situation déjà préoccupante pour les journalistes, professionnels ou non.”
Ces trois journalistes ont été arrêtés le 25 août 2013 et sont détenus depuis. Les
charges portées à leur encontre et contre leurs médias comportent également des accusations de soutien à la confrérie des Frères musulmans. Près de 50 individus, dont d’autres journalistes, des activistes et membres de la confrérie, sont accusés d’avoir contribué à la mise en place d’une chambre d’opération visant à orchestrer des attaques contre le gouvernement, d’où le nom du procès de la “salle d’opérations de Rabaa”. Le
Syndicat des journalistes s’est empressé de préparer un
comité juridique pour étudier le cas de ces journalistes condamnés dans cette affaire et obtenir leur libération. Les membres de la confrérie ont, quant à eux, été condamnés à mort.
Attaques de médias
Le 4 avril 2015, les forces de la police ont effectué un
raid dans les locaux de la webradio
Horyetna au Caire et ont interpellé son rédacteur en chef,
Ahmed Samih, sans mandat d’arrêt ou perquisition. Après avoir interrogé le personnel sur la ligne éditoriale de la radio et confisqué une partie de l’équipement, le rédacteur en chef a été soumis à plusieurs interrogatoires au poste de police pendant quelques heures avant d’être libéré sous caution. Plusieurs charges sont retenues contre lui ; toutes sont liées au travail et à la gestion de la radio sans aucune licence.
Les autorités égyptiennes s’en sont également pris le 7 avril 2015 aux locaux de la chaîne syrienne Al Ghad TV installée au Caire. Après avoir confisqué du matériel, les forces de l’ordre ont arrêté des membres du personnel et ont fermé la chaîne. Le directeur, Abdulhafiz Sharaf, a pourtant
affirmé que cette dernière ne diffusait que les informations concernant la Syrie et ne s’intéressait pas à l’actualité égyptienne. Selon lui, ils sont également accusés de soutenir les Frères musulmans.
L’Egypte figure à la 158e place (sur 180) du
Classement 2015 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.