Coronavirus en Irak : l'agence Reuters visée par une mesure de suspension
Les autorités irakiennes ont décidé de retirer à l’agence de presse Reuters son permis d’exercer dans le pays pendant trois mois, à la suite d’un article sur la minimisation de l’ampleur du nombre de malades du Covid-19.
La sanction n’a pas tardé à tomber. Quelques heures après la publication par l’agence de presse Reuters d’une dépêche intitulée “"Plusieurs milliers de cas de coronavirus, bien plus que les chiffres officiels, indiquent des médecins”, la Commission nationale des médias et des communications (CMC) s’est fendue d’un communiqué sur sa page Facebook officielle, annonçant le retrait pour trois mois de la licence d’exercice de l’agence.
Dans son article, Reuters évoquait des sources qui avaient préféré garder l’anonymat et affirmait que les autorités irakiennes avaient “donné pour instruction au personnel médical de ne pas parler avec les médias”. De son côté, la CMC a condamné et nié ce qui a été rapporté : “Reuters International, qui est censée (...) rapporter des informations de ses sources officielles en Irak, s’appuie sur des sources vagues et des informations fausses, fabriquées et infondées par rapport au terrain”.
“RSF appelle la Commission des médias et des communications à revenir sur sa décision et à ne pas appliquer les sanctions envisagées, réagit Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF). Les autorités peuvent exercer leur droit de réponse si elles estiment que l’agence a rapporté des informations inexactes.”
Hormis le retrait de la licence, la CMC a également condamné Reuters à s’acquitter d’une amende de 25 millions de dinars irakiens (environ 20 000 euros) pour le même motif. Dans un communiqué publié vendredi, l'agence indique ne pas avoir reçu de notification officielle des autorités et attendre des précisions de leur part.
Entre septembre et novembre 2019, la CMC avait déjà suspendu une dizaine de médias en raison de leur couverture des manifestations antigouvernementales, ainsi que la chaîne américaine en langue arabe Al-Hurra, pour un reportage sur la corruption dans les institutions religieuses.
L’Irak occupe la 156e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.