Conseil de surveillance de Facebook, un pas dans la bonne direction mais encore insuffisant
Facebook a publié il y a quelques semaines la charte pour son futur conseil de surveillance. Reporters sans frontières (RSF) salue la tentative de Facebook d'apporter plus de transparence et de responsabilité pour la modération des contenus, mais regrette que ce conseil de surveillance n'ait pas un réel impact sur les mécanismes de fiabilité de l’information sur Facebook.
Le Conseil de surveillance de Facebook sera composé de 11 à 40 membres qui sélectionneront des cas parmis ceux soumis par Facebook et les utilisateurs et rendront des décisions de modération que l’entreprise sera contrainte de suivre. Additionnellement, Facebook pourra leur demander des conseils en matière de politique de modération et le Conseil pourra émettre des recommandations d’amélioration. RSF regrette que les recommandations émisent par le Conseil de surveillance n’aient pas d'impact clair sur les mécanismes algorithmiques mis en place par Facebook pour modérer, filtrer et hiérarchiser le contenu sur sa plateforme.
RSF constate que de nombreux contenus journalistiques sont supprimés par les algorithmes de Facebook. Que ce soit par le biais d'algorithmes de filtrage, qui suppriment 66% du contenu avant même qu'il n'apparaisse sur la plateforme, ou bien par l'utilisation de signalements abusifs dans le seul but qu’un contenu journalistique soit censuré par les algorithmes de Facebook. Avec 2 millions de messages signalés chaque jour et 20 000 demande de recours examinées par des humains chaque jour, le Conseil de surveillance n'aura pas la capacité de traiter chacun de ces cas. Par conséquent, il est crucial que Facebook s'engage à améliorer ses mécanismes algorithmiques en suivant les directives du Conseil de surveillance.
Facebook a récemment mis à jour les valeurs qui sous-tendent ses standards de communauté afin de mettre davantage en évidence les "voix" des utilisateurs et de promouvoir l'engagement de l'entreprise envers la liberté d'expression et la capacité des gens à partager leurs opinions. La liberté d'expression seule ne suffit pas à garantir un débat démocratique. En effet, l'intégrité du processus démocratique est violée lorsque des informations manipulées influencent les utilisateurs. Chaque utilisateur devrait avoir la possibilité de rechercher, de recevoir et d'accéder à des informations fiables. À ce titre, RSF encourage Facebook à s'engager non seulement à respecter la liberté d'expression, mais aussi à garantir une information libre, indépendante, fiable et pluraliste.
Reporters sans frontières (RSF), avec son Initiative internationale sur l'information et la démocratie, ouvre la voie à un nouveau cadre international pour une gouvernance démocratique de l'espace mondial de l'information. Le cadre multipartite favorise l'indépendance et le respect des normes universelles et contribuerait à renforcer la validité et le soutien du Conseil de surveillance de Facebook dans la lutte contre le désordre informationnel dans l'espace mondial de l'information et de la communication.