Comment la Chine, premier diffuseur de propagande au monde, ose-t-elle accuser la BBC de « fake news » ?
Alors que la Chine a accusé hier, 29 juillet, la BBC (British Broadcasting Corporation) de diffuser des « fake news », Reporters sans Frontières (RSF) dénonce l’hypocrisie du régime de Pékin, qui est le premier diffuseur de propagande dans le monde.
Lors d’une conférence de presse tenue le 29 juillet, le porte-parole du ministère des affaires étrangères Zhao Lijian a qualifié la BBC (British Broadcasting Corporation) de « groupe audiovisuel médisant » qui aurait « attaqué et calomnié la Chine, s’éloignant sérieusement des standards journalistiques » et qui mériterait d’être
« impopulaire auprès du public chinois » puisque produisant des
« fake news ». Cette déclaration fait suite aux menaces de mort publiées quelques jours auparavant par la division des jeunes du Parti communiste chinois (PCC) et adressées aux journalistes étrangers qui couvraient les inondations dans la province du Henan (centre de la Chine), déclenchant à leur encontre une vague de harcèlement physique, verbal et en ligne.
« Le régime chinois, un des plus grands ennemis de liberté de la presse dans le monde, n’a aucune leçon de journalisme à donner à la BBC, et fait preuve d’une hypocrisie sans bornes quand il l’accuse de diffuser des “fake news” alors qu'il est lui-même le premier exportateur mondial de contenus de propagande », s’indigne Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l'Est de RSF, qui déplore
« l’habitude grandissante des régimes autoritaires à qualifier systématiquement de “fake news” des informations factuelles qui ne correspondent pas au discours officiel. »
Les médias d'État chinois, tels que l’agence Chine Nouvelle, CGTN et Radio China International, sont contraints par leurs statuts à relayer la propagande du Parti communiste chinois. À l’inverse, le groupe audiovisuel public britannique BBC se veut respectueux de l'éthique journalistique et voit sa liberté éditoriale garantie par un conseil d’administration indépendant.
Ces dernières années, le régime chinois a accentué l'intimidation, le harcèlement et la surveillance des correspondants étrangers, de leurs assistants locaux et de leurs sources. En 2020, au moins 18 correspondants ont été forcés de quitter le pays et les demandes de visa de plusieurs journalistes étrangers ont été refusées sans explications. Plus tôt dans l’année, la Chine a interdit la diffusion de BBC World News et John Sudworth, le principal correspondant de la BBC, a été contraint de fuir le pays.
Dans son rapport d’enquête intitulé « Le nouvel ordre mondial des médias selon la Chine » publié en 2019, RSF dévoile la stratégie déployée par Pékin pour contrôler l’information hors de ses frontières, un projet qui menace la liberté de la presse dans le monde.
La Chine, plus grande prison au monde pour les journalistes avec au moins 119 d’entre-eux détenus dans des conditions qui laissent souvent craindre pour leur vie, stagne au 177e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.