Cinq nouveaux journalistes interpellés pour leur couverture des violences post-électorales : l'intimidation continue
Organisation :
Au lendemain de l'inculpation pour diffamation de quatre rédacteurs en chef d'hebdomadaires privés d'Addis-Abéba, Reporters sans frontières proteste contre « l'inflexibilité inadmissible des autorités éthiopiennes », qui ont procédé à l'interpellation de cinq nouveaux responsables de journaux, le 30 juin.
« En l'absence de pressions politiques sérieuses sur le gouvernement de Meles Zenawi, les interpellations de journalistes continuent, a déclaré Reporters sans frontières. Exercer sereinement le métier de journaliste dans ces conditions est tout simplement impossible. Dans le cadre des dialogues bilatéraux avec l'Ethiopie, la communauté internationale ne doit pas oublier le sort réservé à la presse indépendante d'Addis-Abéba. »
Taye Belachew , Tadesse Kebede et Tegist Abrham, respectivement directeur de la rédaction, rédacteur en chef et rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire en amharique Lisane Hezeb, ainsi que Fassil Yenalem, rédacteur en chef de Addis Zena, et Daniel Gezahegne, rédacteur en chef de Moged, ont été arrêtés par la police fédérale le 30 juin. Il est reproché aux trois responsables de Lisane Hezeb d'avoir publié une photographie de l'interpellation brutale de deux jeunes manifestants, début juin. Ils ont été présentés à un tribunal et libérés contre le paiement d'une caution de 1 000 birrs (95 euros). Le parquet doit prochainement prendre une décision sur d'éventuelles poursuites.
Les deux autres journalistes ont été relâchés après avoir fait une déclaration à la police sur la publication du courrier d'un lecteur éthiopien critiquant le silence de l'Eglise orthodoxe face à la répression policière des troubles post-électoraux.
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30.06.05 - Reporters sans frontières exige l'abandon des charges contre quatre rédacteurs en chef
Reporters sans frontières demande aux autorités éthiopiennes de « cesser de prendre les journalistes pour des boucs émissaires de l'instabilité du pays », après l'inculpation pour diffamation des rédacteurs en chef de quatre hebdomadaires paraissant à Addis Abéba. L'organisation estime que les autorités n'ont d'autre choix que d'ordonner l'abandon des charges pesant contre eux.
« Sous son vernis démocratique, le gouvernement de Meles Zenawi est perclu de tabous, a déclaré Reporters sans frontières. Une fois de plus, les journalistes payent le tribut d'un mauvais climat politique, sous le prétexte facile de la diffamation. L'information qui a valu aux quatre rédacteurs en chef d'être raflés puis inculpés a pourtant été confirmée par une agence de l'ONU. A moins d'estimer que le journalisme en soi est un crime, les autorités éthiopiennes doivent abandonner les charges pesant contre eux. »
Le 28 juin 2005 à 11 heures, Befekadu Moredo, Zelalem Gebre, Dawit Fassil et Tamrat Serbesa, respectivement rédacteur en chef des hebdomadaires en amharique Tomar, Menilik, Asqual et Satenaw, ont été interpellés et interrogés par la police. Il leur était reproché d'avoir rapporté que des pilotes de l'armée de l'air, en formation au Bélarus, avaient demandé l'asile politique, alors que l'Ethiopie était marquée par des violences post-électorales. Après avoir comparu devant un tribunal qui leur a signifié leur inculpation pour « diffamation », ils ont été libérés après sept heures de détention, contre le paiement d'une caution de 2 000 birrs (190 euros).
Selon l'agence nationale éthiopienne ENA, ils avaient été arrêtés à la demande du ministère de la Défense pour avoir « sali la bonne réputation » de celui-ci et « tenté d'éloigner l'armée du peuple éthiopien ». Les articles incriminés avaient paru la semaine précédente dans la presse locale et internationale, et la demande d'asile politique de huit pilotes éthiopiens avait été confirmée par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
Après les élections générales contestées du 15 mai, la police avait ouvert le feu sur des manifestants qui protestaient contre la victoire annoncée du parti du pouvoir. Le bilan était d'au moins 36 morts parmi les civils. Tomar, Menilik, Asqual et Satenaw avaient critiqué les brutalités policières et les rafles massives qui avaient accompagné ces manifestations.
Publié le
Updated on
20.01.2016