Chine : RSF et 48 ONG exhortent le régime à respecter les droits humains, dont la liberté de la presse

Alors que le pays connaît une vague de protestation, Reporters sans frontières (RSF) et une coalition de 48 ONG de défense des droits de l’homme appellent le gouvernement chinois à respecter les droits humains, dont la liberté de la presse.

Dans une déclaration commune publiée ce 7 décembre (voir ci-dessous), RSF et une coalition de 48 ONG ont appelé le gouvernement chinois à respecter les droits humains, dont la liberté de la presse, en particulier dans le contexte actuel des manifestations contre la politique zéro Covid du régime.

Depuis le 24 novembre, le peuple chinois manifeste dans quasiment toutes les grandes villes, à travers tout le pays, pour protester contre la politique anti-Covid drastique conduite ces trois dernières années par le régime, que ce dernier a instrumentalisée pour renforcer la censure et la surveillance. La répression des manifestations a eu pour conséquences de nombreuses agressions de journalistes par la police, et l’arrestation de deux d’entre eux dont le correspondant de la BBC Edward Lawrence.

 

Sept demandes :

  1. Respecter le droit de réunion. Respecter le droit à la vie privée, la liberté de réunion pacifique et d’expression inscrits dans la Constitution et le droit international. Garantir que toutes les interventions policières sont menées conformément aux normes internationales, y compris les Principes directeurs de l’ONU sur l’usage de la force et des armes à feu par les forces de l’ordre ;

     
  2. Cesser d’arrêter les manifestants. Cesser de poursuivre les personnes participant à des manifestations pacifiques, et s’assurer que toute personne sujette à la violation de ses droits peut accéder à un recours ;

     
  3. Cesser de harceler les journalistes. Cesser de surveiller, harceler, maltraiter, fouiller ou arrêter arbitrairement les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse pour avoir couvert les manifestations de manière indépendante ;

     
  4. Publier le nombre de personnes détenues. Publier le nombre de personnes détenues pour avoir pris part à des manifestations pacifiques et fournir des détails sur leurs crimes supposés ;

     
  5. Notifier les familles des personnes arrêtées. S’assurer que les membres de la famille de toutes les personnes privées de liberté sont informées de leur lieu de détention et des motifs des poursuites engagées contre elles ;

     
  6. Garantir les droits des détenus. S’assurer de la sécurité physique et psychologique, ainsi que du bien-être des personnes détenues pour des raisons liées aux récentes manifestations, et garantir leurs droits, dont celui de consulter un avocat de leur choix ;

     
  7. Cesser de harceler les avocats. Cesser d’interférer avec, et de harceler et d’intimider les avocats, juristes et défenseurs des droits humains, ainsi que toute autre personne se préoccupant ouvertement du sort des manifestants et défendant le droit de manifester pacifiquement.

     

RSF invite aussi les journalistes couvrant les événements sur le terrain à consulter le site A Journalist’s Resource for Safe Reporting, disponible en anglais et en chinois sur training.ikiepewlso.tudasnich.de ainsi qu’à travers un lien miroir contournant la censure chinoise. Ils y trouveront notamment la dernière version du Guide de sécurité pour les journalistes publié depuis 1992 par RSF, en partenariat avec l’Unesco.

Depuis son accession au pouvoir en 2012, le dirigeant chinois Xi Jinping a placé les médias d’État et les médias privés sous un contrôle renforcé, et a aussi durci la censure et la surveillance sur Internet jusqu’à atteindre des niveaux sans précédent. En 2021, RSF a publié Le Grand Bond en arrière du journalisme en Chine, un rapport d’enquête qui détaille les efforts de Pékin pour contrôler l’information et les médias.

La Chine occupe la 175e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022, et constitue la plus grande prison au monde pour les journalistes, avec au moins 110 d’entre eux derrière les barreaux, dont 11 à Hong Kong.

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