Chine : RSF appelle à la libération de trois journalistes étrangers accusés d’espionnage
Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération immédiate de Gui Minhai, Yang Hengjun et Cheng Lei, trois journalistes étrangers arrêtés ces dernières années et toujours détenus par le régime chinois sous l’accusation d’espionnage.
Il y a exactement un an, le 14 août 2020, Cheng Lei, célèbre présentatrice australienne d’une émission d’informations économiques du groupe audiovisuel public China Global Television Network (CGTN), a été arrêtée pour « divulgation de secrets d’État à l’étranger ». Un an plus tôt, le commentateur politique australien Yang Hengjun avait été arrêté sur la base d'accusations similaires et est détenu depuis arbitrairement. Gui Minhai, un Suédois ayant fondé une maison d'édition à Hong Kong, a quant à lui été condamné en 2020 à 10 ans de prison pour le même motif après avoir été kidnappé en Thaïlande en 2015.
« En maintenant en détention trois journalistes étrangers sous l’accusation d’espionnage, le président Xi Jinping envoie un avertissement très clair à ceux qui osent critiquer ses politiques : nul n’est à l’abri, quel que soit son passeport ou son lieu de résidence, » dénonce le directeur du bureau Asie de l'Est de RSF, Cédric Alviani, qui appelle la communauté internationale à « accroître la pression sur la Chine pour qu’elle respecte le droit international et libère immédiatement Cheng Lei, Yang Hengjun, Gui Minhai ainsi que tous les journalistes et défenseurs de la liberté de presse sous les verrous. »
Cheng Lei, 46 ans, une Australienne d’origine chinoise, présentait une émission d’informations économiques de la chaîne CGTN et a été arrêtée sans motif officiel et placée pendant six mois en « surveillance résidentielle dans un lieu désigné » (RSDL), un euphémisme qui désigne la détention au secret dans des « prisons noires » où les détenus sont privés de leurs droits et risquent d’être soumis à des actes de torture. Elle a été transférée dans une prison de Pékin en février 2021, mais aucune information concernant la date de son procès n’a encore été communiquée.
Gui Minhai, 57 ans, un Suédois d’origine chinoise et fondateur d'une maison d'édition à Hong Kong connue pour ses publications sur la vie des dirigeants chinois, a été kidnappé en Thaïlande en 2015 et est réapparu plusieurs mois plus tard sur la chaîne publique CCTV pour une confession prétendument “spontanée”. En dépit de graves problèmes de santé, il a été condamné en février 2020 à une peine de dix ans de prison pour avoir « illégalement diffusé à l’étranger des informations classées ».
Yang Hengjun, 56 ans, commentateur politique australien d'origine chinoise et écrivain connu pour ses prises de position critiques envers le régime chinois dans le magazine international The Diplomat, a été arrêté pour « espionnage » en janvier 2019 dans la ville de Guangzhou, dans le sud de la Chine, puis torturé en détention. Son procès s’est tenu en mai 2021, mais aucune condamnation n’a été rendue publique.
La Chine, plus grande prison au monde pour les journalistes avec au moins 125 d’entre-eux détenus dans des conditions qui laissent souvent craindre pour leur vie, stagne au 177e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.