Chine : le journaliste Dong Yuyu condamné à sept ans de prison pour espionnage
Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération de Dong Yuyu, un journaliste chinois chevronné condamné à une peine de sept ans de prison pour des accusations fallacieuses d’espionnage. Il est l'un des 123 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse actuellement détenus par le régime chinois.
Ce vendredi 29 novembre 2024, le tribunal populaire intermédiaire n°2 de Pékin a condamné Dong Yuyu, rédacteur en chef adjoint du journal d'État chinois Guangming Daily et contributeur au New York Times, à une peine de sept ans de prison. L'audience a été marquée par une forte présence policière, et par le fait que la presse, ainsi qu'un diplomate étasunien, ont été empêchés d’accéder au tribunal.
Cette condamnation fait suite à un procès à huis clos qui s'est achevé en juillet 2023, au cours duquel le journaliste, âgé de 62 ans, a été reconnu coupable “d'espionnage”. Les seules preuves présentées par le régime pour étayer les accusations d’espionnage sont ses contacts avec des diplomates étrangers et des bourses universitaires étrangères qu'il a obtenues.
“Être en relation avec des diplomates et des universitaires fait partie intégrante du travail de journaliste. Assimiler ce type de relations à de l’espionnage est tout à fait absurde. Nous appelons la communauté internationale à intensifier ses pressions sur le régime chinois pour qu'il libère Dong Yuyu ainsi que les 122 autres journalistes et défenseurs de la liberté de la presse détenus dans le pays.
Dong Yuyu a été arrêté en février 2022 par la police alors qu'il déjeunait avec un diplomate japonais dans un hôtel à Pékin. Il a d'abord été détenu au secret pendant six mois avant d'être formellement arrêté.
Le journaliste avait rejoint le Guangming Daily en 1987, où il a gravi les échelons et remporté des prix pour ses reportages sur des sujets tels que la corruption de cadres du régime. En 2017, il avait été menacé de rétrogradation après que ses articles ont été jugés comme “antisocialistes” à la suite d’une enquête du parti.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, Xi Jinping a restauré une culture médiatique digne de l'ère maoïste, où le simple fait de chercher ou transmettre librement l’information est devenu un crime. Fin 2021, RSF révélait déjà, dans son rapport intitulé Le grand bond en arrière du journalisme en Chine, les efforts du régime pour contrôler l’information et les médias, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.
Située 172e sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, la Chine est la plus grande prison au monde pour les journalistes et les défenseurs de la liberté de la presse.