Chine : inquiétudes croissantes pour la journaliste Zhang Zhan, menacée d'une nouvelle arrestation
Alors que la police chinoise menace la journaliste Zhang Zhan d'une nouvelle arrestation si elle franchit certaines "lignes rouges", les appels à sa libération totale et inconditionnelle n’ont jamais été aussi importants. Plus d'un mois après sa libération à l’issue d’une peine de quatre ans de prison, la journaliste reste sous haute surveillance et subit de nouvelles pressions. Reporters sans frontières (RSF) demande aux représentations diplomatiques en Chine de maintenir la sécurité et la liberté de Zhang Zhan au premier rang des priorités dans leurs relations avec Pékin.
Plus d’un mois après sa libération officielle, après avoir purgé une peine de quatre ans de prison pour ses reportages sur les débuts de la pandémie de Covid-19 en Chine, la journaliste Zhang Zhan n'a toujours pas pleinement recouvré sa liberté : elle reste sous la stricte surveillance des autorités chinoises. Le 9 juin 2024, elle a été convoquée au poste de police de Xinqiao, du Bureau de la sécurité publique de Shanghai, où des officiers ont menacé de la "mettre à l'ombre" si elle franchissait à nouveau certaines "lignes rouges".
"Nous restons très inquiets pour Zhang Zhan, qui fait face à une nouvelle vague de pression après sa sortie de prison. Nous le répétons : une liberté partielle ne signifie pas qu'elle est véritablement libre. Les autorités chinoises ne trompent personne en plaçant Zhang Zhan sous une surveillance stricte et en la menaçant d'une nouvelle arrestation. Cette courageuse journaliste a plus que jamais besoin du soutien de la communauté internationale, après avoir pris tant de risques pour révéler un problème de santé publique qui nous concerne tous. Nous appelons le corps diplomatique à suivre attentivement la situation de Zhang Zhan, et à maintenir sa sécurité et sa liberté au premier rang de ses priorités dans ses relations avec Pékin.
Lauréate du prix RSF 2021 pour la liberté de la presse, Zhang Zhan, emprisonnée sous prétexte d'avoir "attisé des querelles et provoqué des troubles", devait être libérée de la prison pour femmes de Shanghai le 13 mai 2024. Pendant plus d'une semaine, aucune information n'a été communiquée sur son sort, suscitant de vives préoccupations quant à sa sécurité. Sous la pression de RSF et d'autres organisations internationales, Zhang Zhan a publié six jours plus tard une courte vidéo via un intermédiaire, confirmant sa sortie de prison et déclarant qu'elle était chez elle auprès de sa famille. Son entourage proche a toutefois confirmé qu'elle était "loin d’être libre" et qu'elle restait sous l'étroite surveillance du régime chinois.
Zhang Zhan fait partie des courageux journalistes qui, malgré les risques, se sont rendus dans la ville de Wuhan pour couvrir les débuts de l'épidémie de Covid-19. Elle avait posté plus de cent vidéos sur ses comptes YouTube, WeChat et Twitter, avant d'être portée disparue le 14 mai 2020. Les autorités avaient annoncé son arrestation le lendemain.
Dégradation alarmante de son état de santé
Pendant les quatre années de sa détention, RSF a appelé à sa libération et a alerté sur les mauvais traitements dont elle a été victime. Lors de ses premiers mois de prison, elle a frôlé la mort après avoir mené une grève de la faim pour protester de son innocence. Les autorités l’avaient alors nourrie de force par sonde nasale et l’avaient parfois laissée menottée des journées entières. En juillet 2023, elle était très affaiblie et ne pesait plus que 37 kilos pour 1,70 m, soit la moitié de son poids avant sa détention.
Le 17 juin 2024, l'Union européenne a demandé la libération de Zhang Zhan, soulignant que "la stricte surveillance dont elle fait toujours l'objet et les entraves à ses déplacements sont inacceptables". En mai, le département d'État américain avait appelé à "mettre immédiatement fin aux restrictions" auxquelles la journaliste est confrontée, tandis que l'ambassadeur du Royaume-Uni pour les droits de l'homme avait déclaré que Zhang Zhan devrait être autorisée à vivre sans "crainte ou nouvelles formes d’intimidations et de harcèlement".
La Chine se situe au 172e rang sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, et reste la plus grande prison au monde pour les journalistes et défenseurs de la liberté de la presse, avec au moins 118 d’entre eux derrière les barreaux.