Les actions de groupuscules violents ont contraint les responsables de la sécurité de la gare Saint-Lazare à Paris à retirer les portraits des 38 "prédateurs de la liberté de la presse". La présence du portrait du chef d'état-major des armées turques, Hüseyin Kivrikoglu, avait provoqué de violentes réactions des autorités turques, menaçant de réviser leur relations militaires avec la France si l'exposition n'était pas démontée.
Les actions répétées de groupuscules violents ont contraint les responsables de la sécurité de la gare Saint-Lazare à Paris à retirer, vendredi 10 mai 2002, les portraits des 38 "prédateurs de la liberté de la presse" disposés sur une mappemonde géante installée par Reporters sans frontières à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai dernier. La présence du portrait du chef d'état-major des armées turques, Hüseyin Kivrikoglu, sur la carte de la liberté de la presse avait provoqué, les jours précédents, de violentes réactions des autorités turques, menaçant de réviser leur relations militaires avec la France si l'exposition n'était pas démontée.
"La violence des réactions à l'exposition de RSF témoigne de ce que nous dénonçons depuis des mois : toute mise en cause de l'armée turque provoque une réaction brutale des autorités. Les journalistes turcs qui s'y risquent sont immédiatement traduits en justice et l'un deux, Fikret Baskaya, est maintenu en prison depuis près d'un an pour un article critique envers l'armée," a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. "La Turquie est censée se conformer aux standards démocratiques de l'Union européenne, plutôt que d'exporter son refus de la libre expression et de la critique jusque dans les capitales de l'Union européenne", a ajouté M. Ménard.
Reporters sans frontières a constaté qu'une trentaine de personnes avaient maculé de peinture rouge la mappemonde de l'exposition de RSF, le 9 mai 2002, à la gare Saint-Lazare, après que les autorités turques avaient demandé au gouvernement français de "punir" RSF et menacé de réviser leurs relations avec la France. Des voyageurs visitant l'exposition ont été bousculés et agressés au gaz lacrymogène par les manifestants. Ces derniers, qui étaient accompagnés d'une dizaine de journalistes turcs, ont recouvert à la bombe les portraits des 38 dirigeants dénoncés par RSF, et en particulier, celui du chef d'état-major des armées turques, Huseyin Kivrikoglu. RSF a remis en état l'exposition et porté plainte pour dégradations volontaires de bien privé. Des manifestants s'en sont à nouveau pris aux voyageurs visitant l'exposition le vendredi 10 mai, dans la matinée, décidant le service de sécurité de la gare à démonter l'exposition.
RSF rappelle que plus de cinquante représentants de la presse, de toutes tendances, ont comparu devant les tribunaux pour leurs écrits, en 2001, en Turquie. Les journalistes ayant mis en cause l'armée, d'une façon ou d'une autre, ont été systématiquement inquiétés. Au cours des cinq premiers mois de l'année 2002, de nouveaux procès ont été intentés contre des journalistes. L'un d'eux, Erol Özkoray, rédacteur en chef de la revue trimestrielle de science politique et de relations internationales Idea Politika, doit faire face à au moins trois procès, notamment pour un numéro de la revue ayant accusé l'armée de vouloir freiner le rapprochement de la Turquie avec l'Union européenne. Ce harcèlement judiciaire a finalement contraint M. Özkoray à arrêter la publication de sa revue. Le journaliste Fikret Baskaya est incarcéré depuis le
29 juin 2001 après avoir été condamné à un an et quatre mois de prison pour un seul article, publié le 1er juin 1999, critiquant la gestion du problème kurde par les autorités civiles et militaires.
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9 mai 2002
Une trentaine de personnes ont maculé de peinture rouge la mappemonde de l'exposition de RSF, le 9 mai 2002, à la gare Saint-Lazare, après que les autorités turques ont demandé au gouvernement français de "punir" RSF et menacé de réviser leurs relations avec la France. Les manifestants, qui étaient accompagnés d'une dizaine de journalistes turcs, ont recouvert à la bombe les portraits des 38 dirigeants dénoncés par RSF, et en particulier, celui du chef d'état-major des armées turques, Huseyin Kivrikoglu. RSF a remis en état l'exposition et porté plainte pour dégradations volontaires de bien privé.
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8 mai 2002
Les vives réactions provoquées en Turquie par la présence du portrait du chef d'état-major des armées turques, Hüseyin Kivrikoglu, sur la carte de la liberté de la presse dans le monde présentée dans le hall de la gare Saint-Lazare à Paris, appellent les éclaircissements suivants.
Les portraits de 38 chefs d'Etat, responsables militaires, ou groupes paramilitaires considérés par Reporters sans frontières comme responsables de graves atteintes à la liberté de la presse dans leurs pays respectifs, ont été disposés sur une carte géante de l'Institut géographique national (IGN) de 200 m2, disposée, à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse le 3 mai, et pour une durée de quinze jours, dans la salle des pas perdus de la Gare Saint-Lazare à Paris. Sont également présentées les images du photographe Yann Arthus-Bertrand, extraites du nouvel album de photographies mis en vente au profit de Reporters sans frontières, et des panneaux de présentation de l'action de l'organisation. Le communiqué de RSF annonçant cette exposition, le 2 mai 2002, invitait les visiteurs à "faire la connaissance" des "Prédateurs de la liberté de la presse" dénoncés par Reporters sans frontières, et non à venir "piétiner" leur portrait comme l'ont indiqué certains médias en Turquie.
Les prises de position de Reporters sans frontières recueillent rarement l'assentiment des Etats mis en cause par l'organisation, mais sont étayées par des faits précis sur les atteintes à la liberté de la presse dans ces différents pays. Les seize pages consacrées à la Turquie du Rapport annuel 2002 de Reporters sans frontières "La liberté de la presse dans le monde", rendu public le 3 mai dernier, peuvent être consultées sur le site de l'organisation oufhjezmsy.tudasnich.de.
RSF rappelle que plus de cinquante représentants de la presse, de toutes tendances, ont comparu devant les tribunaux pour leurs écrits, en 2001, en Turquie. Les journalistes ayant mis en cause l'armée, d'une façon ou d'une autre, ont été systématiquement inquiétés. Au cours des cinq premiers mois de l'année 2002, de nouveaux procès ont été intentés contre des journalistes. L'un d'eux, Erol Özkoray, rédacteur en chef de la revue trimestrielle de science politique et de relations internationales Idea Politika, doit faire face à au moins trois procès, notamment pour un numéro de la revue ayant accusé l'armée de vouloir freiner le rapprochement de la Turquie avec l'Union européenne. Ce harcèlement judiciaire a finalement contraint M. Özkoray à arrêter la publication de sa revue. Le journaliste Fikret Baskaya est incarcéré depuis le 29 juin 2001 après avoir été condamné à un an et quatre mois de prison pour un seul article, publié le 1er juin 1999, critiquant la gestion du problème kurde par les autorités civiles et militaires.
RSF rappelle, par ailleurs, que le Haut Conseil de l'audiovisuel (RTÜK) maintient un contrôle étroit sur les médias audiovisuels. Si la majorité des soixante chaînes de télévision et cinquante radios qui ont été suspendues par RTÜK, en 2001, ne l'ont pas été pour des raisons politiques, la durée des suspensions est néanmoins particulièrement longue dans les cas plus politiques. Elle peut aller jusqu'à un an de suspension pour diffusion de musique kurde ou "mise en cause de l'ordre constitutionnel". Dans ces derniers cas, le RTÜK est souvent saisi par les autorités militaires elles-mêmes.
Ce rejet brutal de toute mise en cause et de toute critique est évidemment la marque d'un régime ne respectant pas pleinement la liberté d'expression. Les réformes législatives amorcées dans le cadre des engagements pris vis-à-vis de l'Union européenne n'ont toujours pas donné les résultats escomptés. Les dispositions du code pénal sanctionnant les délits de presse demeurent particulièrement répressives.
Dans une lettre adressée, ce jour, au chef d'état major des armées turques, Hüseyin Kivrikoglu, Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a rappelé ces différents éléments et demandé aux autorités turques de "respecter, dans les faits, les engagements pris vis-à-vis de l'Union européenne en matière de droits de l'homme et de respect de la liberté d'expression".