Cameroun : RSF condamne l’enlèvement brutal d’un journaliste
Le directeur d’une station de radio au Cameroun a été enlevé le 17 janvier. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à tout mettre en œuvre pour retrouver Martinez Zogo et amener les responsables devant la justice.
Le 17 janvier, Martinez Zogo, directeur général de la radio privée Amplitude FM, basée à Yaoundé, la capitale camerounaise, et animateur de l’émission très suivie dénommée “Embouteillages”, a été enlevé.
C’est aux alentours de 20 heures que les gendarmes de Nkol-Nkondi, en périphérie de Yaoundé, entendent un bruit fort provenant de l’entrée de leur poste. Ils y découvrent la voiture de Martinez Zogo amochée, le conducteur avait visiblement tenté d’enfoncer le portail. Les gendarmes constatent qu’un véhicule noir de marque Toyota Prado s’éloigne. Ils comprendront, un peu tard, qu’il s’agissait d’un enlèvement.
L’enlèvement brutal de Martinez Zogo vient malheureusement renforcer le constat alarmant quant à la sécurité des journalistes et l’état de la liberté de la presse dans le pays. Martinez Zogo ne faisait que son travail et les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier en toute sécurité. Les autorités doivent immédiatement tout mettre en œuvre pour retrouver Martinez Zogo et amener tous ceux qui sont impliqués dans cette scandaleuse opération à répondre de leurs actes.
Martinez Zogo abordait depuis quelque temps à l’antenne des détournements de fonds supposés mettant en cause Jean-Pierre Amougou Belinga, un riche propriétaire de médias, patron de la chaîne de télévision privée Vision 4 et de l’hebdomadaire L’Anecdote, supposé proche du ministre des Finances actuel.
Le riche homme d'affaires est déjà en procès avec des journalistes et un média ayant publié une lettre ouverte faisant état d’affaires de corruption auxquelles il serait lié. Il a déposé plainte contre les journalistes Jacques Blaise Mvié et Conrad Atangana, ainsi que contre l’hebdomadaire pour lequel ils travaillent, La Nouvelle, pour “diffamation, injures et autres”. L’un de ces journalistes, Jacques Blaise Mvié, fait en outre l’objet d’attaques depuis plusieurs mois. Dans la nuit du 6 au 7 novembre 2022, son véhicule a été vandalisé et le 6 décembre, son chien a été retrouvé mort empoisonné.
La sécurité des journalistes est un réel problème au Cameroun. Le 9 mars 2022, le reporter de Cameroun Web, critique du pouvoir, Paul Chouta avait été emmené de force dans une voiture puis passé à tabac avant d’être laissé pour mort sur le bord de la route. Deux jours auparavant, le journaliste avait publié une photo sur Facebook représentant le ministre des Finances et Jean-Pierre Amougou Belinga. La plainte qu’il a déposée auprès du tribunal de grande instance de Yaoundé n’a pas encore apporté de résultats. Le journaliste a fait part à RSF de sa peur de sortir seul depuis.