Brésil : Un an de prison pour un article sur le procès d’une affaire de viol

La journaliste brésilienne Schirlei Alves a été condamnée à un an de prison et à 400 000 réaux (environ 80 000 euros) de dommages et intérêts pour “diffamation” pour  un reportage sur le procès d’une affaire de viol. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une condamnation aberrante qui doit être annulée en appel.

Un an d’emprisonnement et 400 000 réaux (environ 80 000 €) de dommages et intérêts pour diffamation. C’est la peine prononcée contre la journaliste Schirlei Alves pour avoir écrit sur une affaire de viol dénoncée par l'influenceuse Mariana Ferrer. L’article avait été publié par le site web The Intercept Brasil en 2020. Dans ce reportage, la journaliste brésilienne Schirlei Alves décrivait le déroulement  des audiences qui se sont tenues en visioconférence à cause de la Covid-19. Elle révélait la violence des propos tenus par l’avocat de la défense dans son plaidoyer, ainsi que l’absence de réaction du procureur et du juge face aux demandes répétées de la plaignante d’y mettre un terme. 

Six procès intentés contre une journaliste

Rendue publique le 15 novembre dernier, la condamnation en diffamation de Schrilei Alves est le résultat de deux des six procès intentés contre elle au civil et au pénal par le procureur Thiago Carriço de Oliveira et le juge Rudson Marcos. Le reportage de The Intercept Brasil, révélant les humiliations subies par la bloggeuse Mariana Ferrer, avait suscité une indignation nationale et entraîné la création de la loi 14.245, qui prévoit des sanctions pour les actes portant atteinte à la dignité des victimes de violences sexuelles et des témoins lors des procès.

"Il est inacceptable qu'une journaliste soit condamnée à une peine de prison pour avoir exercé son métier. Schirlei Alves, comme tous les journalistes au Brésil, ont le droit d’informer et de rendre compte des activités des fonctionnaires. RSF s'insurge contre une décision aberrante qui met à mal le journalisme dans le pays.

Artur Romeu
Directeur du bureau Amérique latine de RSF

Les avocats de la journaliste vont faire appel de la décision. RSF appelle la justice à reconnaître l'importance du travail journalistique dans la couverture de tels épisodes et à revenir sur cette décision aberrante. Le 14 novembre dernier, le Conseil national de justice (CNJ) du Brésil a sanctionné le juge Rudson Marcos pour avoir mal dirigé l’audience. L'homme d’affaires accusé d'avoir violé Mariana Ferrer avait été innocenté en 2020.

Le Brésil est 92e sur 180 au dernier Classement mondial de la liberté de la presse édité par RSF.

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