Bientôt 200 jours de censure imposée au quotidien O Estado de São Paulo : “La liberté d’informer toujours suspendue”
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Le quotidien O Estado de São Paulo et son site Estadão sont interdits depuis près de 200 jours de publier la moindre information relative aux affaires judiciaires impliquant l’entrepreneur Fernando Sarney, fils de l’ancien président de la République et actuel président du Sénat José Sarney. Le cap des 185 jours de censure a été franchi le 1er février 2010 et la liberté d’informer reste suspendue à ce dangereux précédent.
Il aura fallu trois mois seulement pour que le Tribunal suprême fédéral (STF) avalise cette censure, après avoir lui-même abrogé la loi sur la presse de 1967, héritée de la dictature militaire, le 30 avril 2009. Quelle contradiction dans les termes ! Quelle désillusion pour la profession ! Tout s’est passé comme s’il avait fallu rétablir dans l’urgence un mécanisme de censure, une fois liquidé le passif des années de répression (1964-1985). O Estado de São Paulo paye le prix de ce revirement, mais l’ensemble de la presse du pays peut se sentir affecté.
Qui empêchera désormais n’importe quel plaignant de faire interdire toute publicité le concernant, même si l’information est d’intérêt public ? Tant que la censure visant O Estado de São Paulo ne sera pas levée et désavouée, la menace perdurera. Sur le fond comme sur la forme, la mesure est contestable à plus d’un titre.
- O Estado de São Paulo s’est vu imposer une censure pour des raisons autres que celles invoquées à l’origine par Fernando Sarney lui-même. La censure porte sur une opération immobilière douteuse impliquant celui-ci. Or, Fernando Sarney avait poursuivi le journal après la publication d’un compte rendu d’écoutes téléphoniques effectuées sur un tout autre sujet par la police fédérale.
- Sept jours après la validation de la censure par le STF, le 10 décembre 2009, Fernando Sarney a retiré sa plainte contre O Estado de São Paulo, précisément pour ne pas sembler porter atteinte à la liberté de la presse. Dès lors qu’il n’y avait plus préjudice contre un tiers, la censure n’avait plus lieu d’être. Malheureusement, “la protection de la dignité et de l’honneur” a primé aux yeux du STF sur le droit du public brésilien à être informé.
- Enfin, comment expliquer qu’un média et un seul soit sanctionné sur une information que d’autres peuvent relayer et que le public sait par ailleurs ? Difficile de ne pas croire à une décision politique ciblée, quand le STF a vocation à dire le droit.
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Updated on
20.01.2016