Azerbaïdjan : une enquête en toute transparence doit être menée après l’explosion d’une mine ayant tué deux journalistes
Après la mort de deux journalistes azerbaïdjanais dans l’explosion d’une mine dans une région voisine du Haut-Karabakh, Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités azerbaïdjanaises de faire toute la lumière sur les circonstances exactes de l’accident.
Deux journalistes azerbaïdjanais ont été tués dans l’explosion d’une mine dans le Kelbadjar, près du Haut-Karabakh, à quelques kilomètres de la frontière arménienne, le vendredi 4 juin, en fin de matinée. Le caméraman pour la télévision d’Etat azerbaïdjanaise AzTV Siraj Abychov, et le correspondant pour l’agence de presse publique AzerTag Maharram Ibrahimov, étaient en route pour faire un reportage dans le village de Soussouzloug lorsque leur véhicule a roulé sur une mine anti-char. L’explosion a aussi tué un fonctionnaire azerbaïdjanais et blessé quatre personnes. Des cérémonies funéraires, rassemblant des centaines de personnes ont eu lieu samedi à Bakou et Soumgaït pour rendre hommage aux deux journalistes.
“La mort de ces deux journalistes azerbaïdjanais est une nouvelle tragique pour toute la profession, déplore la responsable du bureau Europe de l'Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. D’autres journalistes souhaitant travailler dans cette zone pourraient connaître le même sort, ou être dissuadés de partir en reportage. RSF rappelle aux autorités azerbaïdjanaises qu’il est de leur devoir de protéger les journalistes en exercice et demande de faire toute la lumière sur cet accident et de mener une enquête en toute transparence.”
Il s’agit des premiers journalistes tués dans les territoires repris par l'Azerbaïdjan depuis la fin des combats ayant opposé l’Arménie et l'Azerbaïdjan à l’automne 2020, près du Haut-Karabakh, région séparatiste située en territoire azerbaidjanais et peuplée d’Arméniens. Au moins sept journalistes avaient été blessés lors de ce conflit.
Malgré la signature d’un cessez-le-feu négocié par la Russie et le déploiement de soldats de maintien de la paix russes, les tensions restent fortes. Les deux pays sont notamment en désaccord sur le tracé de la ligne de démarcation. La région est considérée comme l’une des plus minées au monde et l’Azerbaïdjan, en charge du déminage, accuse les autorités arméniennes de ralentir le processus en refusant de remettre leurs cartes indiquant l’emplacement des mines. À ce jour, les autorités arméniennes, contactées par RSF, n’ont pas répondu à ces accusations et n’ont fait aucun commentaire sur la mort des deux journalistes azerbaïdjanais.
L’Arménie et l'Azerbaïdjan occupent respectivement la 63e et la 167e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF.