Autriche : nouvelles attaques du FPÖ contre un journaliste de la télévision publique
Armin Wolf, un célèbre présentateur du télédiffuseur public autrichien ZiB2/ ORF a été la cible de violentes attaques verbales et de menaces pendant et après une interview qu’il menait avec un représentant du parti autrichien d’extrême droite FPÖ, membre de la coalition au pouvoir. Reporters sans frontières dénonce avec la plus grande fermeté les tentatives d’intimidation à l’égard des journalistes de l’ORF devenues récurrentes depuis l’arrivée au pouvoir en décembre 2017 du parti d’extrême droite.
Au cours d’un entretien avec la tête de liste de l’extrême droite aux élections européennes le 24 avril sur le plateau de la chaîne publique ORF, le présentateur Armin Wolf a comparé une affiche anti-musulmans du FPÖ avec celles produites contre les juifs avant la deuxième guerre mondiale. Pendant l'échange, le député du Parlement européen Harald Vilimsky a promis que ces questions ”ne resteraient pas sans conséquences” et a accusé le présentateur de chercher à nuire au parti, avant d’ajouter que s’il était directeur de l’ORF, il le congédierait sur le champ.
Les jours suivants, les élus du parti d’extrême droite ont continué d’attaquer Armin Wolf, le FPÖ le comparant à un juge de la Cour populaire de l’époque nazie (Volksgerichtshof) qui condamnait des milliers d’opposants politiques à mort à l'issue de procès simulés.
Dimanche 29 avril, dans une interview publiée dans l’édition dominicale du journal Österreich, le Président du Conseil d’administration de l’ORF nommé par le FPÖ, Norbert Steger, a suggéré au journaliste de prendre un “congé sabbatique, de faire un tour du monde afin de se réinventer".
“RSF dénonce avec fermeté ces nouvelles attaques contre Armin Wolf qui surviennent alors que l’Autriche perd cinq places au Classement de la liberté de la presse de RSF notamment en raison de ce genre de comportement,déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau Union européenne et Balkans de RSF. Nous sommes très préoccupés par le fait que la coalition au pouvoir en Autriche, non seulement ignore les règles élémentaires de la liberté de la presse, mais aussi, s’emploie à faire taire les médias critiques et indépendants par tous les moyens, y compris des discours de haine.”
L'audiovisuel public autrichien et Armin Wolf subissent les critiques du parti d'extrême droite FPÖ depuis de longs mois. En Autriche, désormais 16e au Classement de la liberté de la presse de RSF, les attaques verbales systématiques contre des reportages qui dérangent sont devenues monnaie courante, tandis que des journalistes indépendants qui couvrent des scandales sont étiquetés “extrême gauche” et accusés de vouloir saper la politique du gouvernement. L'avenir de la chaîne de télévision publique autrichienne ORF est toujours très incertain, et la nouvelle loi tant attendue sur les médias n’a toujours pas été révélée.