Autriche : la télévision publique ORF veut empêcher ses journalistes de publier des tweets politiques
Une directive interne demande aux journalistes de la télévision et de la radio publique autrichiennes ORF de ne pas publier des informations politiques sur Twitter et Facebook y compris sur des comptes privés. RSF dénonce un projet qui restreint la liberté d’informer des journalistes du groupe audiovisuel et demande à la direction d’y renoncer.
Selon un document interne qui a fuité la semaine dernière, la direction de l’ORF recommande aux journalistes du groupe public de s’abstenir de tweeter leur position politique sur les réseaux sociaux, y compris dans la sphère privée. Ceux-ci seraient interdits de commenter mais aussi de poster des “like” ou de retweeter. À l'avenir, toute déclaration publique qui pourrait être interprétée comme une approbation, un rejet ou des propos de sympathie, d’antipathie, des mots critiques ou polémiques envers des institutions politiques et leurs représentants devrait être évitée” indique la note qui a provoqué une levée de boucliers au sein de la rédaction et de la communauté des journalistes.
Dans le collimateur de la chaîne notamment, son présentateur vedette Armin Wolf, connu pour son franc-parler et ses passes d’armes régulières avec le leader du parti d’extrême droite FPÖ, qui est suivi par plus de 400 000 followers.
Depuis décembre 2017 et l’arrivée au sein de la coalition au pouvoir du parti d'extrême droite FPÖ, la radio télévision publique autrichienne fait l’objet d’attaques répétées de la part de son leader Heinz-Christian Strache, qui se dit victime des "médias du système", et accuse régulièrement les journalistes du groupe public de diffuser de “fausses informations”.
Un des points phare du programme du gouvernement de la coalition était d’ailleurs de “mettre en place un contrôle plus accru de l'audiovisuel public, l’ORF” qu’elle jugeait inféodée aux partis traditionnels sociaux-démocrates et conservateurs.
“En restreignant l’utilisation des réseaux sociaux par des journalistes notamment politiques, la direction de l’ORF porte atteinte à leur liberté d’expression mais aussi à leur droit d’informer, ces tweets étant avant tout des vecteurs d’information, déclare Pauline Adès-Mével responsable de la zone EU-Balkans de RSF. Il est donc nécessaire que la direction du média public résiste aux pressions du gouvernement et renonce à ce projet.”
L’Autriche occupe actuellement la 11e place sur 180 pays au Classement de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières.