Au moins 33 journalistes emprisonnés en Iran alors que le monde célèbre la Journée internationale de l'accès universel à l'information
À l'occasion de la Journée internationale pour l'accès universel à l'information, Reporters sans frontières (RSF) appelle le gouvernement iranien à cesser immédiatement la répression des journalistes et à libérer ceux qui sont détenus. La République islamique d’Iran doit permettre aux médias libres d'avoir accès à l'information et restaurer l'intégrité du réseau internet.
Mise à jour du 29/09/22 :
La journaliste de Ham-Mihan, Elahe Mohammadi, qui avait couvert les funérailles de Mahsa Amini, a été arrêtée aujourd'hui. Par ailleurs, des sources de RSF ont confirmé la détention de trois autres journalistes, à savoir Aria Jafari, photojournalist pour ISNA, Mohsen Rawari et Mohsen Ahmadizadeh, reporters locaux dans la ville de Jiroft, dans la province de Kerman (sud-est), qui ont été arrêtés la semaine dernière. Le nombre de journalistes nouvellement détenus dans les prisons iraniennes s'élève aujourd'hui à 23 sur un total de 37 journalistes emprisonnés.
“Alors que le monde célèbre la Journée internationale pour l'accès universel à l'information, au moins 33 journalistes se trouvent derrière les barreaux en Iran, dont 19 suite à la nouvelle vague de répression dont ils font l’objet, déplore le bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières. RSF appelle les autorités iraniennes à libérer immédiatement les journalistes détenus, à cesser d'interférer avec la couverture des manifestations en cours et à permettre aux journalistes de faire leur travail librement."
RSF dénombrait 14 journalistes emprisonnés avant la nouvelle vague de protestation qui a débuté le 16 septembre dernier. Depuis, les arrestations de journalistes se sont multipliées et, aujourd’hui, selon les sources de RSF, au moins 19 journalistes de plus, dont deux photographes et sept femmes journalistes, sont détenus dans la capitale Téhéran et dans différentes villes du pays. À Téhéran, ou dans les villes de Qazvin, Rasht, Amol (nord de l'Iran) et Ahvaz (capitale de la province du Khuzestan, dans le sud-ouest du pays) les autorités ont convoqué et menacé des dizaines de journalistes, leur ordonnant de cesser de publier des articles sur les manifestations, sur leurs médias ainsi que sur leurs réseaux sociaux personnels tels que Facebook, Twitter et Instagram.
Parmi les journalistes détenus, trois d'entre eux, Masoud Kordpour, Marzia Talayi et Ali Khatibzadeh, travaillent pour l'agence de presse Mukrian. Nilufar Hamedi, une journaliste du journal Shargh qui s'est rendue à l'hôpital où Mahsa Amini était dans le coma avant de mourir et qui a contribué à attirer l'attention du public sur son sort, est également détenue à la suite d'un raid des forces de sécurité iraniennes à son domicile le jeudi 22 septembre. Farshid Ghorbanpour, reporter pour Haft-e-Sobh ("7 heures"), a, quant à lui, été arrêté par les forces de sécurité lors d'une descente à son domicile le dimanche 25 septembre vers 4 heures du matin.
“Suite à l’intensification des arrestations et des détentions par les autorités iraniennes, de nombreux journalistes se sont déplacés vers d'autres villes ou ont caché leur identité et ont trouvé refuge chez des parents ou des amis,” a déclaré un reporter à RSF sous couvert d'anonymat.
Les autorités iraniennes ont multiplié les attaques contre les journalistes en réponse à la vague de protestations massives dans tout le pays depuis le 16 septembre, date à laquelle Mahsa Amini, une Iranienne kurde de 22 ans, est morte en détention après son arrestation par la police des mœurs pour “port de vêtements inappropriés”.
La Journée internationale pour l'accès universel à l'information (#AccèsÀLInfo), permet de rappeler le droit de chaque nation à accéder à l'information et le devoir des gouvernements à fournir ce service à leurs citoyens.
Depuis le début des manifestations, la République islamique d’Iran a sévèrement bloqué l'accès à Instagram, à WhatsApp, à LinkedIn et à Skype, les dernières grandes plateformes occidentales encore accessibles en Iran. Le gouvernement a également coupé l'accès à Internet dans le pays.
Internet a été complètement coupé dans la province du Kurdistan, dans l'ouest de l'Iran, où est née Mahsa Amini et où ont eu lieu les premières manifestations. D'autres grandes villes, dont Téhéran, ont signalé des restrictions partielles de l'Internet. Douze jours après le début des protestations, le réseau Internet est toujours interrompu quotidiennement dans tout le pays.
Les coupures du réseau Internet sont quotidiennes et observées dans tout le pays. Le gouvernement bloque les serveurs DNS (“système de nom de domaine”) du pays, dont le bon fonctionnement est essentiel pour assurer la connexion au réseau mondial, ainsi qu’à de nombreux sites et serveurs VPN (“réseau privé virtuel”), seuls outils permettant de contrer efficacement les blocages. L'Internet mobile est également dans le collimateur du gouvernement, et a été durement touché.
En outre, Google Play et l'App Store d'Apple ont tous deux été bloqués. Ces deux plateformes fournissent des services et des produits stratégiques pour contourner la censure, d'autant plus que le département du Trésor américain a assoupli les sanctions contre l'Iran pour permettre aux entreprises américaines de fournir les services nécessaires au maintien d'un Internet stable. Le blocage de ces magasins d'applications empêche les Iraniens d'accéder à des VPN pour leurs appareils mobiles avec des interfaces simples.