Attentat contre un ex-ministre et journaliste ; la libération de Roméo Langlois toujours en suspens
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Reporters sans frontières condamne sans réserve l’attentat dont a miraculeusement réchappé, le 15 mai 2012 à Bogotá, Fernando Londoño Hoyos, ancien ministre devenu directeur de programme de la station Radio Súper et éditorialiste pour plusieurs quotidiens. La bombe, qui visait la voiture de l’intéressé, a causé la mort de son chauffeur et de son garde du corps, et blessé 39 personnes. Cet attentat, - dont l’origine reste à déterminer -, survient alors que perdure l’attente de la libération du journaliste français Roméo Langlois, détenu depuis le 28 avril dernier par la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), au sud du pays.
“Cette bombe qui a failli coûter la vie à Fernando Londoño renvoie au douloureux souvenir de la décennie 80, quand des attentats en série ensanglantaient la capitale. Cette violence-là, héritée du conflit armé, n’a jamais vraiment disparu comme l’a démontré l’attaque commise en août 2010 contre le siège de Caracol Radio, peu après l’investiture du président Juan Manuel Santos. Nous espérons que l’enquête qui s’annonce déterminera rapidement les auteurs de cette tragédie, qui porte la marque d’une guerre civile vieille d’un demi-siècle. Nous espérons qu’elle n’aura aucune incidence sur le processus de libération de notre confrère Roméo Langlois”, a déclaré Reporters sans frontières.
Fernando Londoño a subi un traumatisme crânien et des lésions au thorax à la suite de l’explosion qui a frappé la voiture blindée à bord de laquelle il se trouvait. La bombe a été placée sur le capot de la voiture de Fernando Londoño, a précisé l’une des escortes de celui-ci. Un autre attentat à la voiture piégée a été déjoué un peu plus tôt à proximité d’un bâtiment de la police.
Ministre de l’Intérieur et de la Justice entre 2002 et 2004, au début du double mandat d’Alvaro Uribe, Fernando Londoño est connu pour être un partisan résolu de la solution militaire contre la guérilla des FARC. D’après le président de Radio Súper Javier Pava, Fernando Londoño n’avait pas reçu de menaces récentes. Une source policière assure néanmoins qu’il en avait reçu par le passé, attribuées aux FARC.
“En tant qu’organisation dédiée à la défense de la liberté d’information et d’expression, Reporters sans frontières se doit d’exprimer son soutien à Fernando Londoño dans cette épreuve et lui souhaite de reprendre l’antenne après un prompt rétablissement. Cependant, nous nous permettons de regretter certains propos tenus par le même Fernando Londoño dans le cadre de son programme radiophonique ‘La Hora de la Verdad’, que nous estimons inutilement polémiques et défavorables à Roméo Langlois. La liberté d’expression n’est pas incompatible avec le souci de vérité : Roméo Langlois est un journaliste reconnu, impartial et expérimenté et non un militant, et sa libération attendue n’a rien d’une ‘farce’ comme l’affirme Fernando Londoño. Ce genre de sorties peuvent exposer un collègue à davantage de risques dans un pays comme la Colombie. La solidarité s’impose à toute une profession lorsque l’un des siens se trouve dans la situation de Roméo Langlois ou de Fernando Londoño”, a conclu Reporters sans frontières.
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Updated on
20.01.2016