Assassinat d'un journaliste dans l'ouest du pays : " Cihan Hayirsevener se savait en danger"
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Ismail Cihan Hayirsevener, directeur de l'information de la chaîne locale Marmara Tv, également directeur de publication du journal Güney Maramara Yasam (Vie au Sud de Marmara), a été assassiné de trois ballles le 18 décembre 2009. Le journaliste se savait en danger. C'est ce qui ressort des témoignages recueillis par Reporters sans frontières auprès de ses proches et collègues.
Le directeur de la publication de la chaîne Marmara TV, Ümit Babacan explique que tous deux faisaient l'objet de menaces – notamment sous la forme de courriers mais aussi d'articles parus dans des journaux locaux - et qu’une protection policière leur avait été accordée.
Pour Ekrem Balibek, propriétaire du journal Yeni Haber (Nouvelle Information), il ne fait pas de doute que Cihan Hayirsevener a été assassiné en raison de son travail et de ses opinions : "Les 69 journalistes assassinés dans l’histoire de la presse (turque) ont été les victimes de leur opinion et de leur plume" .
Selon le grand quotidien Hürriyet, Hayirsevener évoquait régulièrement dans ses articles des affaires de corruption au niveau local. D'après ses collègues, le journaliste avait été menacé à plusieurs reprises, notamment depuis qu'il avait commencé à s'intéresser à des allégations de corruption pesant sur la municipalité de Bandirma (Ouest) et les propriétaires de trois journaux locaux, tous incarcérés.
Ihsan Kuruoglu se trouve en prison avec son fils et son frère. Les trois hommes ont été reconnus coupables d'avoir contraint le maire de Bandirma à leur verser illégalement des fonds dans le cadre d'attribution de marchés locaux. Avant sa disparition, Hayirsevener enquêtait sur l’origine de ces versements.
"L'assassinat de Cihan Hayirsevener nous rappelle que chaque jour, des centaines de reporters se heurtent à des pressions intenses dans la réalisation de leur mission d'information du public, de la part de magnats et de fonctionnaires locaux, de procureurs ou de gendarmes. La défiance de ces derniers à l'égard de la presse, la fréquence des poursuites et des condamnations, parfois très lourdes, font des journalistes des cibles faciles", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 20 décembre, une cérémonie de commémoration a été organisée à Bandirma, puis, le corps du journaliste a été transporté à Istanbul pour y être enterré.
Le président de l'association des journalistes de Balikesir, Ramazan Demir a appelé les journalistes à ne pas se laisser intimider et à "se saisir du stylo de Cihan et (à) l’utiliser contre les mafias, les ennemis de la démocratie et ceux qui ruinent la nation".
Le propriétaire du journal Yeni Haber, Ekrem Balibek, qui connaissait Cihan Hayirsevener depuis l'année 2000, l'a décrit comme "une personnalité combative". "C’était un homme d’opinions. J’espère que nous, les journalistes et les habitants de Bandirma, saisirons bien l’importance qu’il avait pour nous tous. Sa mort n’est pas seulement une perte pour Bandirma ni pour Balikesir, mais pour la Turquie entière", a-t-il conclu.
Selon une information non confirmée parue sur un site local, bandirmahaber.net, le 23 décembre, la police aurait interpellé et placé en garde-à-vue trois hommes suspectés d'avoir assassiné le journaliste. L'arme du crime aurait également été saisie et serait en cours d'expertise balistique.
Le 18 décembre, vers 15 heures, le journaliste Cihan Hayirsevener a été abattu en pleine rue à Bandirma. Alors qu'il marchait sur le boulevard Atatürk, un inconnu lui a tiré trois balles dans les jambes, avant de prendre la fuite dans un véhicule non identifié. L'artère de la jambe gauche ayant été perforée, le journaliste a perdu beaucoup de sang, avant de décéder lors de son transfert à l'hôpital de Bursa. Avant de perdre connaissance, le journaliste s'était écrié "Je sais qui m'a tiré dessus ! ".
Agé de 53 ans, Cihan Hayirsevener était journaliste depuis près de trente ans. Diplômé de l’Académie des Sciences Economiques d’Istanbul, il a commencé à travailler en 1980 pour le quotidien Dünya (Le Monde). Il a par la suite collaboré au grand quotidien Hürriyet (Liberté) et au titre régional Karadeniz. Il décide de s’installer à Bandirma en 1999 et lance alors l’édition du journal Guney Marmara Yasam (Vie au Sud de Marmara).
Lire dans Hürriyet, les articles consacrés à l'affaire
Publié le
Updated on
20.01.2016