Le 2 mars 2005, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire Monitor était froidement abattu de sept balles dans le corps. Reporters sans frontières confirme aujourd'hui dans son rapport d'enquête que le journaliste a bien été assassiné en raison de ses activités professionnelles.
Reporters sans frontières publie un rapport d'enquête dans lequel l'organisation démontre que le rédacteur en chef de l'hebdomadaire indépendant Monitor a été victime, le 2 mars 2005, d'un assassinat commandité en raison de ses activités journalistiques.
« L'enquête menée par les autorités, à laquelle collaborent la police fédérale américaine (FBI) et la police turque, est pour l'instant menée correctement sur le plan de la procédure. Le chef de l'Etat a exprimé sa volonté de faire rapidement toute la lumière sur cet acte odieux. Nous attendons des autorités qu'elles punissent tous les coupables, c'est-à-dire les exécutants, mais aussi les commanditaires de cet assassinat », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
L'organisation, qui s'est rendue à Bakou du 6 au 9 avril, a rencontré Ilham Aliev, le chef de l'Etat, Ramil Usubov, le ministre de l'Intérieur, Ramiz Rzayev, le procureur général adjoint, ainsi que l'épouse, les collègues et l'avocat du journaliste assassiné, les rédacteurs en chef des principaux journaux indépendants et d'opposition, les ambassadeurs de Norvège et de France, le représentant du Conseil de l'Europe.
La piste liée à l'activité professionnelle d'Elmar Husseynov et celle d'un assassinat commandité depuis l'étranger sont, aujourd'hui, les deux seules retenues par les autorités.
Le 22 avril, Turgai Bairamov, âgé de 29 ans, citoyen azéri d'origine géorgienne habitant Bakou depuis 1990, a été inculpé d'assassinat dans ce dossier. Le 4 mai, les services de sécurité ont annoncé dans un communiqué que le « suspect numéro un » était un ressortissant géorgien d'origine azérie, Tahir Khoubanov, actuellement recherché.
La résolution de l'affaire Husseynov, le premier crime de ce genre depuis de nombreuses années, représente un test pour le président azéri, à l'approche des élections législatives cruciales de novembre prochain. Depuis l'arrivée au pouvoir d'Ilham Aliev, le 31 octobre 2003, les journalistes ont assisté à une dégradation continue et inquiétante de la situation de la liberté de la presse. Depuis janvier 2004, pas moins de huit journalistes ont été interpellés et six ont été brièvement séquestrés et menacés.
Dans ses recommandations, Reporters sans frontières demande notamment au chef de l'Etat d'assurer une protection accrue des journalistes qui en font la demande, afin qu'un tel drame ne se reproduise plus.