Arabie saoudite : un journaliste yéménite condamné à 15 ans de prison pour apostasie
Un journaliste yéménite basé en Arabie saoudite a été condamné à 15 ans de prison pour apostasie sur la base de publications en ligne. Reporters sans frontières (RSF) appelle à sa libération immédiate.
Emprisonné depuis le 23 août 2021, le journaliste yéménite Ali Aboluhom a été condamné le 26 octobre dernier à 15 ans de prison pour avoir publié des tweets relevant, selon les autorités saoudiennes, de l’apostasie. Basé en Arabie Saoudite depuis 2015, Ali Aboluhom a travaillé comme directeur exécutif de la chaîne de télévision Alwadi et comme présentateur pour la radio Yemen Times.
Selon des informations recueillies par RSF, le journaliste a été convoqué une première fois par son employeur au prétexte d’un travail à effectuer. Son épouse a ensuite tenté de le contacter en vain, avant d’être informée que son mari était visé par une enquête criminelle. Elle n’a été autorisée à le voir qu’au bout de dix jours et la durée des visites étaient très brèves. Les interrogatoires se sont dans un premier temps déroulés sans avocat.
D’après le jugement de dix pages, auquel RSF a eu accès, Ali Aboluhom est accusé d'avoir tenu un compte Twitter (aujourd'hui supprimé), diffusant "des idées d'apostasie, d'athéisme et de blasphème". La justice est parvenue à l'identifier comme propriétaire du compte en retrouvant l'adresse mail qui lui était associée.
“RSF appelle à la libération immédiate de Ali Aboluhom, déclare la responsable du bureau Moyen-Orient de RSF, Sabrina Bennoui. Cette condamnation montre que l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux en tant qu’espace d’information et de débats par les journalistes et blogueurs est toujours aussi drastiquement surveillée dans le Royaume.”
L'Arabie saoudite emprisonne depuis dix ans le blogueur Raif Badawi, condamné à dix ans de prison et mille coups de fouet pour "insulte à l'islam", en raison de son forum, Free Saudi Liberals, devenu une plateforme de débats pour les idées libérales et réformistes. De la même manière, le journaliste Turki Al-Jasser est emprisonné depuis mars 2018. Il tenait de manière anonyme un compte Twitter critique des autorités baptisé "Kashkol", rare espace de liberté pour les internautes saoudiens, mais son identité a été retrouvée.
Un autre journaliste yéménite est emprisonné en Arabie saoudite depuis juin 2018. Il s’agit de Marwan Al-Muraisy. Jusqu'à aujourd’hui, aucune charge officielle n’a été fournie contre lui.
L’Arabie saoudite occupe la 170e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.