Après une élection controversée, la répression systématique
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Reporters sans frontières condamne fermement les huit interpellations et les deux passages à tabac perpétrés à l’encontre de neuf journalistes par les forces de police et un groupe de nationalistes lors des manifestations postélectorales du 5 mars, à Moscou et à Saint-Pétersbourg.
« Il est clair que ces agissements avaient pour objectif de réduire ces journalistes au silence et de les empêcher de filmer les manifestations. C’était bien la profession qui était visée. Ceci doit absolument prendre fin. Nous demandons que les journalistes qui ont été arrêtés arbitrairement soient immédiatement relâchés et que les autorités cessent toute poursuite à leur encontre », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 5 mars, lors d’une manifestation organisée par l’opposition pour lutter contre les fraudes électorales place Lioubianka à Moscou, trois journalistes ont été violemment interpellés vers 19h40. Il s’agissait de Pavel Nikouline, journaliste pour Les nouvelles de Moscou, Maria Klimova, correspondante pour Ridus, et Andrei Stenin, photographe pour RIA.
Lors de l’interpellation, Pavel Nikouline a été passé à tabac par les forces de police qui lui ont tordu le poignet et l’ont roué de coups dans les cotes. Maria Klimova et Andrei Stenin ont été quant à eux traînés de force jusqu’au car de police où ils ont été embarqués. Les policiers ont violemment frappé Pavel Nikouline à la tête. Lors du trajet vers le commissariat Iakimanka, où ils sont tous les trois retenus actuellement, ils ont manqué de s’étouffer avec les gaz d’échappement qui s’accumulaient à l’arrière. Arrivés au commissariat vers 20h, ils ont pu consulter les avocats de l’association AGORA. Leur procès devrait s’ouvrir le 7 mars à 15 heures, où ils seront jugés pour « entrave à l’ordre public ». Dans la nuit, Pavel Nikouline a pu consulter un médecin et recevoir un certificat attestant de ses blessures.
Lors d’un rassemblement nationaliste, qui se déroulait près de la Bolshaja Nikitskaya à Moscou, le correspondant de la radio Echo de Moscou, Alexandre Borzenko, a lui aussi été violemment agressé par un groupe d’individus non identifiés. Ces assaillants se sont jetés sur lui alors qu’il prenait l’antenne et l’ont fait tomber à terre pour le rouer de coups. Il a confirmé par la suite que sa rédaction lui avait demandé de suivre le groupe.
D’autres journalistes et bloggeurs ont été arrêtés le même jour à Moscou. Il s’agissait du photographe du Kommersant, Gleb Shielkunov, du bloggeur Arkady Babchenko et du bloggeur Alexeï Navalny, interpellé sur la place Poushkine aux alentours de 21 heures. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, il a été relâché dès le lendemain mais risque une amende de 2000 roubles (soit environ 51 euros) pour avoir outrepassé le droit au rassemblement public.
De même, à Saint Pétersbourg, deux journalistes qui couvraient les manifestations ont été interpellés puis relâchés : le journaliste de Fontanka.ru, Lev Lurié, arrêté sur la place Isaakiyevskaia et le correspondent de Novaya Gazeta, Boris Vichnevski.
Les tensions qui entourent les élections n’ont fait que s’accentuer depuis ces dernières semaines. Le 17 février, Reporters sans frontières avaient fait état des manœuvres d’intimidation en cascade qui visaient les médias indépendants nationaux. L’organisation appelle à la vigilance à l’approche d’autres manifestations prévues pour le 8 et le 9 mars 2012.
(Photo : RIA Novosti)
Publié le
Updated on
20.01.2016