Après un an de blocage, YouTube toujours interdit d’accès
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Il y a un an jour pour jour, le 17 septembre 2012, les autorités pakistanaises bloquaient l’accès à la plateforme de vidéos YouTube, en réaction à la publication du film “l’innocence des musulmans”, jugé blasphématoire.
A deux jours de l’audition du ministre de l’Information et des Télécommunications devant la Haute Cour de Lahore, afin de s’expliquer sur les actions du gouvernement en matière de blocage d’accès à l’information en ligne, Reporters sans frontières et l’organisation de défense des libertés numériques Bytes for All (B4A) s’associent pour condamner cette censure et appellent le gouvernement à lever le blocage du site.
“Nous espérons qu’à la suite de l’audience, la Haute Cour ordonnera la levée du blocage de YouTube, de la même manière que celle du Sindh avait ordonné la fin de la censure abusive de sites internet en avril 2012. Nous condamnons la censure frénétique établie par les autorités, de même que la mise en place et l’utilisation par le gouvernement d’un système de filtrage dans le but de limiter la liberté d’accès à Internet des citoyens”, ont déclaré Reporters sans frontières et Bytes for All.
Suite au blocage de YouTube, Bytes for All a déposé, en janvier 2013, une pétition devant la Haute Cour de Lahore, mettant en évidence le caractère illégal et inconstitutionnel de la censure, qui contredit en plus les engagements du pays dans le cadre du pacte international relatif aux droits civils et politiques.
“D’un point de vue législatif, cette interdiction s’oppose au droit à l’accès à l’information sur des sujets d'intérêts public, comme elle viole le droit à la vie privée, et à la liberté d’expression”, explique Shahzad Ahmad, directeur pays de Bytes for All.
La pétition a été reçue favorablement par la Haute Cour, et le gouvernement nouvellement élu a déclaré, en juin dernier, que la levée du blocage pourrait être effective dès lors qu’un système de filtrage national aura été mis en place par la Pakistan Telecommunication Authority (PTA).
“Un tel système de filtrage est un obstacle manifeste à la liberté d’expression et d’information, et se révèle dans de nombreux cas contre productif. Il s’agit aussi d’un gâchis de l’argent du contribuable” ajoute Shahzad Ahmad.
Au cours de ces derniers mois, des preuves de l’installation d’une technologie de filtrage ont été apportées, alors que le blocage de YouTube persiste. Lors des élections nationales de mai dernier, une vidéo du groupe Beygairat Brigade, hostile aux généraux de l’armée a été bloquée sur le site Vimeo. En juin 2013, le Citizen Lab, en coordination avec Bytes for All, a publié un rapport affirmant la présence de dispositifs de filtrage “Netsweeper”, développé par une société canadienne, sur le réseau de la compagnie de télécommunications pakistanaise (PTCL). Ce réseau représentait en 2012 environ 60% du marché haut débit. Le rapport révèle que cette technologie a été mise en place par la compagnie canadienne à des fins de filtrage politique et social, sur des sites de médias indépendants, relatifs aux droits de l’homme et aux sujets religieux.
L’audience prévue le 19 septembre prochain sera d’une importance capitale pour la suite de cette affaire. Le Pakistan occupe la 159ème place sur 179 au classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on
20.01.2016