Après l’attaque de 53 journalistes, RSF dénonce un recul majeur pour la liberté de la presse en Géorgie

Une cinquantaine de journalistes ont été violemment agressés par des militants d’extrême droite alors qu’ils couvraient les contre-manifestations à la marche des fiertés à Tbilissi, devant des forces de l’ordre impassibles. Reporters sans frontières (RSF) dénonce la passivité coupable des autorités et les appelle à sanctionner tous les auteurs de ces actes illégaux.

Commotions cérébrales, brûlure chimique, bras cassés... Sur un total de 53 journalistes agressés par des militants d’extrême-droite lors des contre-manifestations à la marche programmée le 5 juillet par des militants LGBTQ+, au moins cinq sont hospitalisés pour des blessures graves. Le caméraman de la télévision publique GPB, Ilia Tvaliachvili, souffre d’une brûlure aux yeux après avoir reçu un produit chimique en plein visage. Mako Jaboua, qui travaille pour le média en ligne Tabula a reçu des coups de bâton à la tête à plusieurs reprises. Giorgi Nikolichvili, photojournaliste pour l’agence de presse Interpressnews, souffre quant à lui de commotions cérébrales après avoir été frappé à deux reprises à la tête alors qu’il prenait des photos de l’événement.


Le matériel des journalistes a également été pris pour cible. Caméras, micros et téléphones portables ont été violemment interceptés et détruits. Des équipes de télévision de PalitraNews agency, TV Pirveli, Mtavari Arkhi TV, ont dû fuir la manifestation ou cacher leur accréditation afin de se protéger. De nombreux témoignages mettent en lumière l’inaction de la police et l’impunité des agresseurs. Le journaliste Giorgi Maissouradze (TV Pirveli) a rapporté que son équipier caméraman, Levan Bregvadze, a été frappé en toute impunité sous les yeux de policiers impassibles.


Les attaques brutales qui ont eu lieu à Tbilissi contre des journalistes constituent un recul majeur pour la liberté de la presse en Géorgie. L’intensité et la coordination dans la violence sont inédites, s’alarme la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. Les journalistes doivent pouvoir couvrir librement toute manifestation, et les forces de l’ordre ont pour devoir de les protéger dans l’exercice de leur métier. Inquiets de ce dangereux précédent et de la passivité des autorités géorgiennes, nous leur rappelons leurs engagements internationaux et les exhortons à poursuivre tous les auteurs des agressions perpétrées contre des professionnels de l’information.”


Le Premier ministre Irakli Garibachvili a tardivement condamné, hier, cette violence contre les journalistes, la jugeant “catégoriquement inacceptable”. L’organisation de cette marche des Fiertés était très contestée par certains pans de la société géorgienne, notamment dans les milieux religieux. A l’heure actuelle, seulement sept personnes ont été arrêtées.


La semaine dernière, une équipe de TV Pirveli avait déjà été violemment malmenée dans le village de Tsintskaro. L’agresseur, qui devait être placé en détention provisoire, a été libéré sous caution.


La Géorgie occupe la 60e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF.

Publié le
Updated on 08.07.2021