Alors que se prépare la Fête du Trône au Maroc, la presse à l'épreuve du raidissement autoritaire du pouvoir

À l’occasion de la Fête annuelle du Trône, Reporters sans frontières (RSF) interpelle le roi Mohammed VI sur la situation préoccupante de la liberté de la presse dans le pays et demande la libération des journalistes incarcérés, Soulaimane Raissouni, Omar Radi et Taoufik Bouachrine. 

Le 30 juillet marque, depuis 1999, l’anniversaire de l’intronisation de Mohamed VI au titre de roi. À quelques jours de cette “Fête du Trône”, RSF dresse un nouvel état des lieux inquiétant de la liberté de la presse au Maroc avec une recrudescence des atteintes au droit d’informer déjà dénoncée l’année passée : arrestations et incarcérations de journalistes sous des motifs fallacieux, intimidations judiciaires et, ces derniers mois, main basse sur le Conseil national de la presse.

“La somme des atteintes à la liberté des journalistes et de la presse est un triste indicateur qui confirme, hélas, le raidissement autoritaire au Maroc. Journalistes en prison, autocensure, régression en matière d’encadrement juridique et organisationnel de la presse, la liberté de la presse n’est effectivement pas à la fête au Maroc. RSF appelle les autorités du pays à saisir l’opportunité de la Fête du Trône du 30 juillet prochain pour libérer les journalistes Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaimane Raissouni.

Khaled Drareni
Représentant de RSF en Afrique du Nord

Le fondateur du quotidien Akhbar Al-Yaoum, Taoufik Bouachrine, le journaliste d’investigation Omar Radi et le directeur de publication d'Akhbar Al-Yaoum Soulaimane Raissouni sont en détention pour avoir exercé leur métier en toute indépendance. Victimes d’une véritable machine politique, médiatique et judiciaire, ils sont accusés, de manière fallacieuse, de viols et d’agressions sexuelles. Des accusations montées de toutes pièces et pour lesquelles ils ont été condamnés, en octobre 2019, à quinze ans de prison pour Taoufik Bouachrine, et en février et mars 2022 à cinq ans pour Soulaimane Raissouni et à six ans pour Omar Radi. Les pourvois des trois professionnels de l’information ont été rejetés par la Cour de cassation, en 2022 pour Taoufik Bouachrine, et en juillet dernier pour Omar Radi et Soulaimane Raissouni.

Pressions et intimidations judiciaires et pénitentiaires

Et l’action vindicative des autorités marocaines ne s’arrête pas à la porte de leurs cellules. Bien au contraire. Depuis leur incarcération, Omar Radi et Soulaimane Raissouni subissent toutes sortes de pressions et d’intimidations. Leur confrère, Taoufik Bouachrine, éprouve également les mêmes avanies avec l’administration pénitentiaire.  

En matière d’intimidations judiciaires, la journaliste Hanane Bakour, sous le coup d’une plainte du RNI (Rassemblement national des Indépendants), parti du Premier ministre Aziz Akhannouch pour un post sur Facebook, est otage d’une procédure abusive qui n’avance pas. Le procès de celle qui a contribué à plusieurs médias dont Akhbar Al-Yaoum, Al Massae et Al Jarida Al Oukhra, a été reporté dix fois. Le dernier report date du 24 juillet dernier par le tribunal de Salé avec une nouvelle audience programmée au 25 septembre prochain.

Main basse sur le Conseil national de presse 

L’année 2023 a également été marquée au Maroc par une loi, adoptée le 18 juillet par la chambre haute, après qu’elle l’ait été par la chambre basse du Parlement, qui remet en cause l’autonomie du Conseil national de la presse, et par là même porte grandement atteinte à liberté de la presse dans le pays. La nouvelle législation prévoit de transférer les prérogatives de cet organe d’autorégulation, qui avait permis d’abolir la tutelle du gouvernement sur le secteur des médias, vers un comité temporaire avec de nouveaux membres non élus. Une mesure que RSF a dénoncé en y voyant  une volonté manifeste de renforcer le contrôle sur le secteur des médias.

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