Le 23 juin, le journaliste Ali Lmrabet a mis un terme à sa grève de la faim. Pour Reporters sans frontières, qui se réjouit de cette décision, "il faut maintenant procéder à tous les examens médicaux que son état de santé nécessite pour mettre à jour d'éventuelles séquelles". L'organisation rappelle que le journaliste est toujours en prison et que la mobilisation en faveur de sa libération doit se poursuivre.
Le 23 juin, le journaliste Ali Lmrabet a décidé de cesser sa grève de la faim, débutée le 6 mai dernier. Cette annonce a été faite par le prince Moulay Hicham, cousin du roi Mohammed VI, lors d'une conférence de presse à Casablanca à laquelle participaient, entre autres, les avocats, les sœurs du journaliste, ainsi que Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Reporters sans frontières se réjouit de la décision d'Ali Lmrabet de mettre un terme à sa grève de la faim. Ce jeûne de cinquante jours l'a considérablement affaibli. Il a perdu 22 kilos. " Il faut maintenant procéder à tous les examens médicaux que son état de santé nécessite pour mettre à jour d'éventuelles séquelles. Il faut également donner la possibilité à son médecin personnel, Jamila Rhandy, de lui rendre visite.
En effet, celle-ci n'a pu le voir depuis maintenant plus d'une semaine ", a déclaré Robert Ménard.
Reporters sans frontières rappelle qu'Ali Lmrabet est toujours en prison, qu'il doit toujours purger trois années de détention pour un simple délit d'opinion et que ses deux hebdomadaires sont toujours interdits. Si ses avocats se sont pourvus en cassation, Mohammed VI n'a toujours pas usé de son droit de grâce comme certains proches du pouvoir l'avaient laissé entendre. Si l'interruption de la grève de la faim est un soulagement pour tous les amis du directeur de Demain magazine et Douman, elle ne constitue pas une victoire. La pression notamment au niveau international doit se poursuivre.
Reporters sans frontières maintiendra sa mobilisation en faveur de son correspondant au Maroc, en continuant entre autres ses campagnes en direction notamment des touristes qui se rendent dans le royaume pour les alerter sur l'envers du décor d'un pays toujours soumis à l'arbitraire royal et à des atteintes importantes à la liberté de la presse.
" Le maintien en prison d'Ali Lmrabet est le signe d'un recul de la liberté d'expression au Maroc, d'une crispation autoritaire de la monarchie chérifienne. Personne, dans le royaume, comme à l'étranger, ne doit se résigner à ce manquement aux libertés ", a poursuivi le secrétaire général.
Ali Lmrabet, patron de deux publications satiriques - Demain magazine, un hebdomadaire en français, et Douman, sa version en arabe - et correspondant de Reporters sans frontières au Maroc, est derrière les barreaux depuis le 21 mai dernier. Accusé " d'outrage à la personne du roi ", " d'atteinte au régime monarchique " et " à l'intégrité territoriale ", il a été condamné, en appel, le 17 juin, à trois ans de prison, à l'interdiction de ses deux publications et à 20 000 dirhams d'amende (environ 2 000 euros). Condamné à quatre ans de prison en première instance, le 21 mai, il avait été transporté d'urgence à l'hôpital Avicenne de Rabat le 26 mai.