Afghanistan : RSF saisit la Cour pénale internationale des crimes commis sur les journalistes

Reporters sans frontières (RSF) demande à la la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur les assassinats de journalistes commis depuis un an en Afghanistan.

RSF a saisi, le 1er juin 2021, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, des crimes commis contre les journalistes en Afghanistan depuis mars 2020. Onze journalistes et collaborateurs de médias ont été tués depuis cette date. Conformément à l’article 15 du statut de la Cour, RSF réfère ces 11 assassinats à la procureure pour lui demander d’enquêter sur ce que l’organisation qualifie de crimes de guerre.


Le 2 mars dernier trois employées d’Enekaas TV ont notamment été abattues par des hommes armés à Jalalabad. Début janvier, le  journaliste et directeur de la radio Voice of Ghor, Besmellah Adel Imaq, était assassiné alors qu’il rentrait chez lui, à Firoz Koh, chef-lieu de la province de Ghor (centre du pays). Il était le cinquième professionnel de l’information tué en deux mois, après Mohammad Aliyas Dayee, journaliste de la section pachtoune de Radio Azadi (Radio Free Europe, RFE), assassiné en novembre à Lashkar Gah, Malalai Maiwand, journaliste et représentante du Centre pour la protection des journalistes afghanes (CPAWJ), tuée avec son chauffeur Taher Khan à Jalalabad, et le journaliste Rahmatollah Nekzad, abattu quelques semaines plus tard, fin décembre à Ghazni.


Tous ces journalistes et collaborateurs de média ont été visés du fait de leur activité, dans le contexte du conflit armé et de l’aggravation en 2020 des violences commises contre les journalistes et plus généralement contre la société civile. RSF a des raisons légitimes de penser que les groupes armés, au premier chef les Talibans ou certaines de leurs composantes, sont responsables de cette vague d’assassinats.


La procureure de la CPI a été autorisée par la Chambre d’appel de la Cour, le 5 mars 2020, à enquêter sur les crimes commis en Afghanistan depuis 2003. La communication envoyée aujourd’hui par RSF s'inscrit dans le cadre de cette enquête, afin que la procureur détermine si ces crimes contre les journalistes peuvent être qualifiés de crime de guerre - ou de toute autre qualification au terme du statut de Rome de la CPI, notamment crime contre l’humanité -, en vue de poursuivre les auteurs de ces crimes.


Les journalistes ne cessent de payer le prix fort en Afghanistan depuis 2001, date de l’invasion des Etats-Unis et de leurs alliés, qui a chassé les Talibans du pouvoir. En 20 ans, au moins 100 journalistes, dont 16 ressortissants étrangers, ont perdu la vie à cause de leur travail. Sur cette même période, plus de 60 médias ont été attaqués ou détruits, et les journalistes et médias ont été la cible de centaines de menaces.


L’Afghanistan se situe à la 122e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Updated on 02.06.2021