Affaire Assange : l’appel des États-Unis examiné par la Haute Cour britannique
Du 27 au 28 octobre, la Haute Cour du Royaume-Uni examinera l’appel du gouvernement des Etats-Unis contre la décision du tribunal s’opposant à l’extradition du fondateur de Wikileaks Julian Assange. En dépit des difficultés rencontrées par Reporters sans frontières (RSF) pour accéder aux audiences, l’organisation s’efforcera de nouveau d’assister aux séances. RSF réitère également son appel à clôturer le dossier et à libérer Julian Assange.
Lors de l’audience, prévue sur deux jours, le gouvernement américain présentera ses arguments contestant la décision du 4 janvier de la juge de district Vanessa Baraitser rejetant la demande d’extradition de Julian Assange aux États-Unis pour des raisons de santé mentale. Les États-Unis seront autorisés à contester cette décision pour cinq motifs spécifiques, à la suite de la décision de la Haute Cour d’élargir le champ de l’appel lors de l’audience préliminaire du 11 août dernier. Si aucune décision immédiate n’est attendue au terme de ces deux jours d’audience, elle interviendra très probablement par écrit dans les semaines à venir.
« Alors que nous sommes de retour au tribunal pour d’énièmes audiences dans cette bataille judiciaire sans fin que mène les États-Unis contre Julian Assange, nous tenons une nouvelle fois à affirmer notre position, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Nous croyons fermement que Julian Assange a été ciblé pour ses contributions au journalisme ; que son extradition et les poursuites contre lui auraient des conséquences aussi graves que durables pour le journalisme et la liberté de la presse dans le monde ; et que l’affaire devrait être close et Julian Assange immédiatement remis en liberté. »
Dans la matinée du jour précédant l’audience, nombre d’observateurs d’ONG, d’observateurs politiques et de journalistes – si ce n'est tous – rapportaient être toujours en attente de la confirmation de leur accréditation par le tribunal, soit pour assister en personne à l’audience, soit pour la suivre à distance grâce au système de transmission vidéo. Aux observateurs de RSF, il a été demandé de renouveler leur demande par écrit au tribunal la veille de l’audience, et au moment où nous publions ces lignes, ils n’ont toujours pas reçu de réponse. RSF a été la seule ONG à assister à l’ensemble des audiences d’extradition en dépit des strictes restrictions imposées par la Cour et a documenté les dysfonctionnements de la procédure.
« Nous avons rencontré plus d’obstacles pour accéder aux audiences dans l’affaire Julian Assange que dans n’importe quel autre cas n’importe où ailleurs, souligne la directrice des campagnes internationales de RSF, Rebecca Vincent. Il est extrêmement frustrant de faire face à de nouvelles difficultés à la veille de la plus importante audience à ce jour. Ces procédures sont du plus grand intérêt public et doivent pouvoir être accessibles à tous. Nous espérons sincèrement que la Haute Cour agira dans l’intérêt d’une justice transparente et du droit à un jugement équitable, et qu’elle nous permettra de remplir notre mission en nous accréditant pour assister à l’audience d’appel. »
Si Julian Assange est extradé aux Etats-Unis, il risque jusqu’à 175 ans d’emprisonnement face aux 18 chefs d’accusation du nouvel acte d’accusation lié à la publication par Wikileaks, en 2010, de plusieurs centaines de milliers de documents militaires et de câbles diplomatiques classifiés. Julian Assange serait alors le premier éditeur poursuivi en vertu de l’Espionage Act américain, qui ne prévoit pas de défense de l’intérêt public. RSF a récemment rejoint une coalition de 25 organisations de défense de la liberté de la presse, des libertés civiles et des droits humains internationaux, qui réitère son appel au département de la justice américain à abandonner toutes les charges qui pèsent sur le fondateur de Wikileaks.
Les États-Unis et le Royaume-Uni occupent respectivement la 44e et la 33e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.
Note : le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, et la directrice des campagnes internationales de RSF, Rebecca Vincent, seront présents à la Haute Cour les 27 et 28 octobre.
Ils sont disponibles pour des interviews en français et en anglais.
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