Syrie : RSF condamne l’attaque violente contre la radio ARTA FM et son directeur exécutif
Reporters sans frontières (RSF) condamne l’agression perpétrée dans la nuit du 26 avril par des inconnus armés contre le directeur exécutif de la radio indépendante ARTA FM, ainsi que l’incendie du siège principal du média dans la ville de Amouda, au nord-est de la Syrie. RSF demande aux autorités kurdes locales de mener une enquête impartiale et indépendante pour traduire les coupables en justice.
Des hommes armés et masqués ont menacé de mort Mohamed Hassan - connu sous le pseudonyme Sefqan - directeur exécutif de la radio ARTA FM, s’il n’arrêtait pas la diffusion des programmes de la radio. Les agresseurs attendaient la victime près de son domicile à son retour des locaux de la radio dans la ville de Amouda de la province de Hassaké (au nord-est de la Syrie/Rojava), pour l’emmener au cimetière de la ville et l’interroger sur son travail. Ils ont par la suite mis le feu au siège de la radio, détruisant une partie du matériel, avant de prendre la fuite. L’incendie a été stoppé par l’arrivée de la police et des forces de sécurité kurdes (les Asayesh).
Reporters sans frontières condamne fermement cette attaque contre le directeur de la radio et le siège du média. “Nous demandons aux autorités locales de mener une enquête indépendante et impartiale afin de désigner et punir les coupables, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation. Il est de la responsabilité des autorités locales de protéger le travail des journalistes.”
La radio, malgré les dégâts et le pillage d’une une partie du matériel, poursuit actuellement sa diffusion via le satellite Nilesat et des publications sur sa page Facebook.
Son directeur a porté plainte auprès de la police et demandé l’ouverture d’une enquête. Contacté par RSF, il a déclaré que la radio continuera de diffuser des informations, celle-ci “n’appartenant à aucune faction politique - mais au peuple.” Il a ajouté que, face aux pressions locales, le principal soutien du média venait des organisations internationales.
Le Parti de l’Union Démocratique (PYD), principal parti politique kurde syrien en charge de contrôler cette zone du territoire syrien, a condamné cette attaque le 27 avril et demandé à ce qu’une enquête soit menée rapidement.
Les exactions perpétrées par les forces de sécurité kurdes contre les journalistes sont fréquentes dans la région kurde (Rojava) de la Syrie, qu’il s’agisse d’interpellations, de menaces, voire d’enlèvements. Les médias peuvent également être censurés par les autorités locales. En août 2015, Rudaw TV, la chaîne kurde basée à Erbil (capitale du Gouvernement Régional du Kurdistan - KRG en Irak), ainsi que la chaîne d’opposition Orient TV ont été frappées d’interdiction par les autorités, dans le canton de la Jezireh de la région kurde et accusées de diffuser de fausses informations encourageant la violence et la discorde. Ces mêmes médias ont également été interdits dans la ville de Kobane en février 2016. De chaque côté, les médias et journalistes font face aux mêmes difficultés (interpellations, menace et censure) dues à des divergences entre les autorités kurdes au Rojava en Syrie, et au Kurdistan irakien.
La Syrie figure à la 177ème place du Classement 2016 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.